vendredi 10 septembre 2010

5. O-soto-gari


Generalites. O-soto-gari se traduit par «grand fauchage extérieur», C'est une projection de jambes de grande amplitude, la première technique dite de «fauchage» enseignée au débutant. Elle demande une grande énergie et une coordination parfaite du balancement du corps. Ce mouvement est, parmi les techniques de jambes,le plus employé en compétition, surtout au Japon, ou il assure 15 % des victoires!

Il est donc le mouvement le plus «payant» après le fameux uchi-mata et est relativement facile a exécuter : comme dans toute grande technique, l'emploi intelligent de la force peut compenser un «tempo» imparfait ou une opportunité incorrecte.

Il est un des mouvements favoris des grands et des lourds, mais les petits peuvent aussi en tirer parti : il s'adapte à toutes les formes de corps et se prête admirablement a de multiples combinaisons avec d'autres mouvements.

Description globale. Vous devez rompre l'équilibre de votre adversaire sur son arrière droit (sur le talon) et faucher sa jambe droite avec votre jambe droite, tout en le renversant en arrière.

techniques judo

La coordination du tsukuri et du kuzushi est très importante : Uke et Tori sont en position naturelle droite (migi-shizentaî). Tori tire sa main .gauche vers le noeud de sa ceinture, tout en se déplaçant vers l'extérieur droit d'Uke. Il pose ainsi son pied

gauche a hauteur ou un peu en arrière du pied droit d'Uke, L'action de la main droite de Tori se conjugue a celie de la gauche pour le déséquilibre arrière droit d'Uke (fig. 1). C'est-à-dire que Tori soulève et pousse l'épaule d'Uke sur son arrière droit. Tori lance alors sa hanche droite en avant et l'engage contre la hanche droite d'Uke. La jambe droite de Tori (restée un moment en arrière) suit le mouvement de la hanche et passe derrière la jambe droite d'Uke (fig. 2). A ce moment, Tori a le tronc bien droit, mais penche en avant, en équilibre sur sa jambe légèrement fléchie, La hanche droite d'Uke a été attirée contre la sienne par l'action combinée des deux mains. Le kake consiste à plonger vers l'avant avec le corps, en entraînant celui d'Uke, et a faucher simultanément la jambe droite d'Uke par un large mouvement de balancier vertical de la jambe de Tori (fig. 3). Uke tombe ainsi en arrière sur le dos.

Opportunités. Les opportunités sont nombreuses, mais on en compte quatre fondamentales : • en position migi-shizentai statique, que nous venons d'étudier • lorsqu'Uke avance le pied droit: le kusushi commence alors au moment ou le poids du corps est complètement passe sur ce pied. lorsqu'Uke recule le pied gauche : le kusushi débute juste au moment ou le centre de gravite commence a quitter le pied droit pour passer sur le pied gauche. lorsqu'Uke se déplace latéralement : l'attaque commence des que le pied droit s'est pose au sol et qu'Uke s'apprête à partir du pied gauche.

Il existe d'autres opportunités, fondées soit sur le principe de réaction (Tori tire Uke sur son avant gauche et ce dernier réagit en portant vivement son poids sur son arrière droit), soit sur des déplacements, tels que la méthode en cercle (Tori tire Uke en cercle comme s'il était le centre d'une roue et le manoeuvre comme pour un okuri-ashi-barai. Il lui donne un peu l'impression d'entrer en o-uchi-gari, ce qui provoquera généralement une réaction d'Uke vers son arrière droit, opportunité à exploiter aussitôt).

Points clés. Pour réussir l'o-soto-gari, il ne faut jamais perdre de vue les points suivants :

• évitez d'emmener votre adversaire sur son avant au début du kusushi, par une traction de la main droite;

• engagez d'abord la hanche gauche, puis la droite, en accentuant le kusushi;

• ne placez pas votre pied gauche avarice trop près du pied droit de votre adversaire; vous ne pourriez le déséquilibrer correctement et le risque de contre-attaque augmenterait. Le talon ne touchera jamais le sol, la jambe sera fléchie ;

• tournez le pied gauche vers l'adversaire plutôt que vers l'extérieur.

• pendant tout le mouvement, gardez le menton rentré et la tête droite. Lancez-la vers le sol pendant le kake, sans relâcher le menton;

• au début du fauchage, garder la jambe droite et frotter le tapis du pied tendu;

• ne pas lever le coude droit pendant tout le mouvement; si certains grands champions le font, ce n'est pas une raison suffisante pour permettre cette deformation;

• pendant le kake, détendez votre jambe portante. Le tronc et la jambe droite doivent former les deux fléaux d'une balance dont le couteau (ou point de pivotement) sera l`axe des hanches.

Enchaînement -combinaison. Il vous est loisible d'entraîner votre adversaire a porter son poids sur le talon en le déséquilibrant vers l'avant, ou mieux, sur son avant gauche. Un excellent moyen est d'attaquer hiza-guruma sur sa jambe gauche. Il y a d'autres moyens d'enchaîner en o-soto-gari, comme, par exemple, attaquer de loin en O-uchi-gari pour faucher la cheville gauche de votre adversaire. Celui-ci, en l'esquivant, se déplace sur son pied droit; ramenez alors rapidement la jambe en cercle, comme pour attaquer fondamentalement. Votre corps est, dans ce cas toutefois, plus éloigne de votre partenaire (fig. 4).

Voyons maintenant par quoi continuer l'action d'un o-sotogari manque. Si l'adversaire bloque sa jambe et repousse du bras droit, pivotez sur cet axe de résistance en lançant votre pied entre les siens. Attaquez alors en o-guruma très latéral ou vers l'avant, en ashi-guruma. s'il résiste en avançant sa jambe gauche, attaquez celle-ci en hiza-guruma ou sasae-tsuri-komi-ashi. s'il esquive en soulevant la jambe attaquée, posez aussitôt votre pied droit au sol et enchaînez en ko-soto-gake des que son poids revient sur son pied droit.

Contre-attaque. Si votre adversaire vous place un o-soto-gari de trop près, vous serez peu déséquilibre: avancez alors un peu votre jambe gauche « en appel au sol », attaquez a votre tour o-sotogari; ou, suivant vos positions respectives, o-soto-otoshi ou o-soto-guruma (fig. 5 et 6). .

Si vous pouvez contrôler votre adversaire des bras, surpassez sa jambe droite et attaquez hiza-guruma sur sa jambe gauche.

Le principe des contre-attaques d'o-soto-gari est de contrarier le kuzushi et le contact de l'adversaire. Il faut donc tirer fortement sur votre bras gauche jusqu'a votre hanche gauche, sans lâcher la manche de l'adversaire. Pour plus d'efficacité encore, il faut tourner votre talon droit et déplacer au plus vite la jambe.

La technique la plus conforme aux principes supérieurs du judo consiste toutefois à tourner vers la droite en faisant, le plus rapidement possible, face a l'adversaire et le repoussant de l`abdomen.

techniques judo

Variantes et secrets. Les variantes sont nombreuses, mais elles sont généralement fondées sur des opportunités différentes; bien souvent l'o-soto-gari se transforme en une technique similaire que nous étudierons plus loin : o-soto-guruma; o-soto-otoshi, etc.

Je termine cette étude par quelques considérations peu connues. Contrairement a ce qu'on pense, o-soto-gari est facile à exécuter sur un adversaire en position défensive très marquée (jigotai). Cette position est en apparence inattaquable : jambes très fléchies, torse penche, bras raidis en avant, centre de gravite très bas. Mais il y a un défaut que vous pouvez exploiter au maximum: le manque de mobilité.

Voici comment opérer : • tirez violemment votre adversaire sur son avant; il réagira avec brusquerie • bondissez alors en avant en lançant votre jambe gauche près de son pied droit. sa position l'empêchant de se mouvoir en arrière, passez votre jambe droite repliée et très haute au-dessus de son genou droit et attaquez a fond en le renversant en arrière, Pour réussir votre o-soto-gari, essayez ces moyens :

• lancez-vous tout entier dans le mouvement : les Japonais se déséquilibrent à fond dans leurs attaques, sans craindre la contre- prise;

• tendez la pointe du pied pendant le kake;

• si vous êtes plus lourd que votre adversaire, exécutez le kusushi plus latéralement, Si, de plus, vous êtes plus grand que l'adversaire, vous pouvez (en compétition) lui encercler le cou;

• vous pouvez, si vous devenez un spécialiste du mouvement ,saisir très haut le col de votre adversaire. Cette variante vous permettra, si vous êtes petit, de déséquilibrer un plus lourd que vous par un choc de tout l`avant-bras sur sa poitrine. De plus c'est une prise avantageuse pour l'ushi-mata, ce qui peut créer une certaine confusion chez l'adversaire;

• un dernier moyen, a employer plus rarement, mais qui surprend chaque fois : saisissez de la main droite le bas du revers à la ceinture de votre adversaire et rabattez-le fortement en le soulevant sur l'estomac. C'est une technique également employée par les spécialistes de petite taille de l'eri-seol-nage.