Techniques de judo

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LE GOKIO

Entamons enfin l'étude de l'ensemble des projections classiques du judo. Le gokio est à la fois la classification et la clef de l'enseignement des techniques de projection.

IL se traduit de la sorte : go veut dire «cinq» et kyo signifie «principe d'enseignement» ou «instruction», Le gokio est done un groupe de cinq principes d'enseignement, cinq groupes de huit projections, classifiées suivant des criteres pédagogiques.

Lorsque Kano créa ses premières techniques de  judo, il tâtonna d'abord, puis les ordonna et les modifia de manière à atteindre le plus efficacement le but propose. C'est ainsi qu'avec le concours des meilleurs spécialistes, il put, en 1895, codifier son premier gokio. De centaines de formes de projections, il en retint quarante, qui contenaient toutes les variantes; il en épura ensuite la technique de  judo et les classa. Le gokio fut enseigné durant plus de vingt ans par Kano lui-même et ses disciples. Mais les recherches de perfectionnement se poursuivaient. En 1920, le gokio fut complètement révisé. C'est la methode appliquee actuellement. Quels sont les principes qui guiderent Kano dans la classification nouvelle? D'abord, chaque mouvement donne les bases du mouvement suivant; la gradation veille à ne pas rebuter le débutant par une technique trop compliquée ou trop brutale.

Par exemple, le premier mouvement est une glissade dont la chute n'effraie personne et ne demande aucune force spéciale.

Le second mouvement se complique un peu; l'effort demandé est plus important et la chute consiste à pivoter au-dessus du genou. Le troisième mouvement y ressemble fort, mais est plus accentue. Enfin, le quatrirème suppose un effort musculaire plus important, un contrôle plus rigoureux de sa force et une chute plus spectaculaire, du fait que l'adversaire passe au-dessus de la hanche.

C'est à la cinquième projection et après quelques mois, que le débutant apprend une véritable projection de championnat, dont la grande chute arrière est quelque peu effrayante.

Et les diverses projections s'enchaînent ainsi et deviennent de plus en plus difficiles. Enfin, chaque mouvement qui s'enchaîne au suivant lui sert de contre-attaque. Par exemple, si j'attaque le premier mouvement du gokio sur un adversaire qui l'évite, je puis, sans discontinuité, enchaîner avec le second mouvement. De plus, l'utilisation rationnelle de la force étant une des bases du judo, il est logique de ne pas enseigner au débutant, dans les premières projections, les mouvements exigeant un déploiement de force très important. Agir autrement transformerait rapidement notre aspirant judoka en lutteur de force.

Kano rassembla donc, au début du gokio, des mouvements qui ne demandant que décontraction, souplesse, vitesse et effort minimum. Quoique certains maîtres(même au Japon) enseignent le technique de judo suivant leur propre méthode, je ne pourrais trop en gager les débutants à s'initier à la «voie souple» en suivant la progression parfaite qu'est le gokio. Voyons maintenant ces merveilleuses techniques de judo en suivant, bien sur, l'ordre du gokio.

REMARQUE  IMP0RTANTE : Pour étudier d'une manière rationnelle les diverses techniques de judo qui vont suivre (projections, immobilisations, luxations, étranglements...),


J`analyserai chaque mouvement suivant le plan que voici:

Généralités: La traduction française suivra immédiatement l'appellation japonaise du mouvement. Revoyez cependant la note (Un jargon indispensable). En général, le terme japonais (dont la traduction ne sera donnée qu'a sa première apparition) sera seul employé. Il est donc indispensable que chaque terme japonais vous soit parfaitement familier. Il sera également stipule s'il s'agit d'une technique d'épaules, de hanches, de bras, de jambes, etc., et si le mouvement est pratique en entraînement normal ou en compétition. Enfin, je donnerai des indications générales, comme celles du type morphologique, pour réussir ce mouvement : tel mouvement est plus facile à exécuter par un judoka petit, un autre par un grand; certains mouvements demandent beaucoup d'énergie, d'autres, un maximum de souplesse des reins ou des jambes.

• Description globale. Je donnerai évidemment la manière d'exécuter le mouvement. Sauf exception, cette description se fera toujours en position naturelle, sur un adversaire se déplaçant normalement ou sur place. Le cas sera chaque fois précise. Le judoka qui exécute le mouvement s'appellera Tori; celui qui subit le mouvement s'appel1era Uke. Les mouvements seront toujours portes a la droite d'Uke. Pour l'exécution à gauche, il suffit de changer le kumi-kata et d'inverser le mouvement sur la gauche.

Opportunités. J'indiquerai les moments ou l'application du mouvement est à sa phase optima. Pour chaque mouvement, il y a une ou deux, voire trois opportunités fondamentales. Toutefois, elles n'excluent pas, en principe, d'autres applications.

Points clés. Détails, parfois capitaux pour fa réussite du mouvement. Analyse d'un ou deux points importants du tsukuri ou du kake; ce seront en fait des détails à perfectionner des le dégrossissage du mouvement.

Enchaînement -combinaison. Action continue par laquelle : 1) vous préparerez, par d'autres techniques, l'opportunité du mouvement étudie; 2) vous enchaînerez, par un autre mouvement, l'attaque du mouvement étudie. Cette action suppose que vous gardiez l'initiative de l'attaque et que vous utilisiez sans arrêt les réactions de votre adversaire. Vous pourrez d'ailleurs faire une feinte de l'attaque avec le mouvement étudie, de manière à faire réagir votre adversaire d'une façon bien précise, et enchaîner immédiatement avec le ou les mouvements que nous y décrirons. Retenez toutefois que les mouvements indiqués ne sont pas les seuls possibles. Suivant votre morphologie et celle de votre adversaire, suivant votre tempérament et votre degré d'entraînement, il vous sera loisible de mettre au point d'autres enchaînements. Ceux décrits sous cette rubrique forment une base de départ et d'étude .

Contre-attaques. lei, à l'inverse des enchaînements, c'est votre adversaire qui prend l'initiative et vous attaque avec les mouvements étudies. Suivant votre vitesse de réaction, vous pouvez parer son attaque de trois manières : 1) avant que l'attaque soit effectivement amorcée, c'est-à-dire des les prémices du kuzushi, 2) pendant l'attaque, soit au temps mort entre le tsukuri et le kake, 3) après l'attaque, c'est-à-dire au moment de l'application du kake ou, s'il est incorrect, vers la fin de celui-ci.

Inutile de préciser que le but à atteindre pour un judoka parfait est toujours de contre-attaquer suivant le premier principe, c'est-à-dire des que l'idée d'attaque se fait jour dans l'esprit de l'adversaire.

 IL n'est pas faux de dire que, dans la pratique du judo, la technique se développe dans l'ordre contraire de celui des étapes indiquées ci-dessus. Au début de ses premiers combats. le judoka verra L'attaque rapide de son adversaire au moment … ou il est projeté! Ensuite, il parviendra, en utilisant beaucoup d'énergie, à bloquer tant bien que mal le kake; à l'étape suivante, il utilisera moins de force et esquivera le mouvement. A ce moment, les premières contre-attaques deviennent possibles. Par la suite, ce sera le tsukuri même de son adversaire qu'il percevra à temps et parviendra de la sorte à contrôler, Les contre-attaques du second principe seront alors possibles. Enfin, après beaucoup d'entraînement, il arrivera à percevoir le début du kuzushi : perception purement neuro-musculaire, mais suffisante pour contrer L'attaque des L'amorce du mouvement. Le sommet sera atteint lorsqu'il possédera ce fameux « sixième sens » du judoka qui permet de « sentir» n'importe quelle attaque imminente. J'y reviendrai après l'étude technique de base.

Lorsqu'un judoka' parvient à exécuter un certain nombre de mouvements d'une manière satisfaisante, on dit qu'il a atteint le niveau élémentaire du judo. Au niveau suivant, il parvient à garder sans arrêt L'initiative du combat. IL attaque, se sert de son énergie initiale pour enchaîner un autre mouvement combine son énergie à celle de son adversaire, esquive, pare. contre-attaque, recombine, mais contrôle sans cesse le combat en s'adaptant le plus efficacement possible à chaque situation. On reste rêveur devant la rapidité des réflexes, la parfaite coordination neuro-musculaire, le bagage technique d'un pareil judoka, mais aussi devant son absence d'idée préconçus, son « vide d'intention», sa souplesse mentale, son dynamisme psychique .

Variantes et secrets. Sous ce titre, nous verrons comment il est possible d'adapter le mouvement fondamental à votre cas personnel, en tenant compte de votre taille, de votre poids, de vos techniques préférées, de vos déficiences éventuelles. Parfois, je vous : dirai comment les grands champions on modifie le mouvement et quels sont les moyens employés. Enfin, chaque fois que possible, nous étudierons les secrets et conseils d'entraînement et de perfectionnement du mouvement enseignes par les grands maîtres.

Un dernier mot avant L'étude : les descriptions de tous les mouvements du judo, qui vont suivre, vous enseignent les fondements de l'art qui nous occupe. Toutefois, il existe u manière supérieure de travailler les mouvements : pour complet, je développerai ensuite les grands principes et petits secrets, des de la réussite.