Généralités. Se traduit par «projection flottante» ou «projection en coup de vent». C'est la technique de main la plus représentative du gokio. Elle figure comme premier mouvement dans le nage-no-kata. Elle est réputée à juste titre comme la projection la plus fine et la plus délicate du gokio avec sumi-otoshi. Au début du judo, ces deux techniques n'en faisaient qu'une et seule la direction de la chute les distinguait. Mais la, chute vers l'arrière est plus délicate à obtenir et le moment opportun plus subtil ainsi que le kuzuski. C'est pour cette raison que petit à petit, les anciens maîtres en firent une projection autonome, que nous étudierons à l'avant-dernier mouvement du gokio. Cette étude sera facilitée pour celui qui a bien étudié et compris uki-otoshi.
C'est une technique de main de grande amplitude qui nécessite une bonne coordination de l'action des mains, mais aussi du corps entier. C'est un excellent éducatif pour l'apprentissage de tai-sabaki en attaque. Il est en effet impossible de projeter Uke avec ce mouvement en employant uniquement la force. Pour le réussir, il est impérieux de doser avec un équilibre parfait; le moment opportun, le tsukuri, le kuzuski et le kake. Seuls les experts bien entraînés parviennent a l'exécuter parfaitement au cours d'un combat. C'est une des raisons pour laquelle l'uki-otoshi est rare en compétition où l'on obtient à peine une demi-douzaine de victoires par cette technique, sur près de dix mille combats.
Description globale. Il s'agit de rompre la position d'Uke sur son avant droit et de le projeter à l'aide des deux mains par un large cercle au-dessus de son pied droit.
En voici la description: Uke et Tori sont en position naturelle à gauche (hidari-shizentai) (fig.1). Tori recule son pied gauche tout en attirant Uke par une traction de la main gauche (fig.2) pendant que Uke avance son pied droit pour ne pas perdre son équilibre. Tori pose son pied gauche très en arrière, et accentue l'action de sa main gauche afin de déséquilibrer Uke sur son avant droit (fig.3). Tori tourne son tronc vers son cote gauche tout en amenant le poids du corps d'Uke sur l'avant droit de celui-ci (fig.4). Tori tire en cercle de la main gauche (mais en descendant progressivement vers le sol), tandis que de la main droite il pousse l'épaule gauche d'Uke vers le haut et l'avant (fig.5). Uke sera projeté sur son avant droit par !'action combinée des mains de Tori, ainsi que par l'action des jambes et du tronc qui se donnent dans le sens de la projection (fig.6).
Opportunités. Uki-otoshi ne peut se faire que sur pied avarice et lorsque le poids du corps passe du pied gauche sur le pied droit. Le déséquilibre peut commencer pendant ce transfert ou lorsque le poids est déjà pose sur le pied droit et que le pied gauche commence à quitter le sol. Une opportunité excellente en compétition est celle où votre adversaire entre en uchi-mata et que vous esquivez sa jambe faucheuse. A ce moment, il est complètement penché en avant sur la pointe des orteils d'un seul pied.
Points clés
• évitez de déséquilibrer trop tôt ou trop fort. Ceci provoquerait une résistance facile de la part de votre adversaire;
• ne brisez pas le tronc en avant. Gardez pendant tout le mouvement un shizentai normal;
• l'action des deux mains doit être harmonieuse et semblable à celle utilisée pour tourner le volant d'un véhicule;
• contrôlez la chute de votre adversaire jusqu'au sol;
• pendant votre déplacement sur la gauche, «ouvrez-vous» en déséquilibrant l'autre et en coordonnant l'action de tous les muscles du corps. Ne vous servez pas uniquement des bras.
Enchaînement -combinaison. Si Uke résiste et porte son centre de gravité vers l'arrière droit pour ne pas être déséquilibre sur son avant, continuez votre mouvement dans ce sens en transposant votre projection en sumi-otoshi. Il sera possible aussi d'enchaîner en ko-uchi-gari, si sumi-otoshi n'est pas praticable. Si votre adversaire avance rapidement sa jambe gauche tout en fléchissant des genoux et vous repousse des bras, pénétrez dans sa garde en le déséquilibrant en arrière et attaquez en o-uchi-gari. Enfin s'il porte son centre de gravite entre ses jambes et vous repousse de son corps sur votre arrière gauche, laissez-vous tomber au sol en l'attirant brusquement en yoko-wakare.
Contre-attaque. Il s'agit avant tout de rompre le contrôle de votre adversaire, soit en avançant largement la jambe gauche tout en portant le corps vers la droite, soit en repoussant l'adversaire vers son arrière pour rompre sa position. Dans le premier cas, il est possible de retourner l'action de l'autre à son détriment en chassant rapidement le pied gauche par le pied droit et d'attaquer uchi-mata à gauche. Dans le second cas, contre-attaquez-le en ko-uchi-gari au ochuri-gari à droite suivant votre position et sa réaction.
Variantes. La variante possible est de poser le genou gauche au sol après avoir largement recule le pied gauche en cercle (fig.7). C'est d'ailleurs la technique employée dans nage-no-kata. Elle est en principe plus efficace car votre corps tourne plus complètement et descend plus bas, ce qui crée un meilleur déséquilibre de l'adversaire. Enfin.: si vous projetez ce dernier latéralement, vous obtenez une variante qui est plus sumi-otoshi qu'uki-otoshi.