Généralités. Se traduit par «projection en chargement su r le dos» ou «projection par dessus l'épaule», Elle est considérée au Japon comme une projection de mains et en Europe comme une projection d'épaule, C'est une technique très virile de grande amplitude, très aisée pour les judokas de petite taille. Elle demande toutefois de l'énergie, une bonne condition physique, de la force de hanches et de jambes. De plus, elle exige une action rapide des bras et un deplacement foudroyant des jambes. Partant de fa technique de base de l'o-goshi, c'est une excellente préparation à la compréhension des techniques telles Que tsuri-komi-goshi, harai-goshi, tai-otoshi, kata-guruma, etc.
La contre-attaque est très difficile, ses enchaînements nombreux et il est aise de vaincre par seoi-nage un adversaire plus grand et plus fort que soi. Très apprécie des jeunes, très fréquent en compétition, on lui doit en moyenne 8 % des victoires remportées par projection.
Description globale. Le mouvement consiste a rompre l'équilibre d'Uke vers l'avant ou l'avant droit, de le charger sur le dos et de le faire basculer par-dessus l'épaule, Il existe plusieurs variantes classiques du seoi-nage. Au Japon, elles ne sont enseignées que sous une même forme de base; en principe, la fondamentale est ippon-seo-nage, encore appelé katate-seoi-nage.
Les autres formes que nous étudierons sous « Variantes et secrets» sont morote-seoi-nage, eri-seoi-nage, fumikomi-seoi-nage, maki-komi-seoi, etc.
Voici la description d'ippon-seoi-nage.
Tori et Uke sont en position naturelle, pieds sur la même ligne (shizen-tai). Tori tire des deux mains Uke vers l'avant et avance le pied droit devant et un peu a l'intérieur du pied droit d'Uke. Il pivote sur ce pied en tournant les hanches, il place son pied gauche parallèle au droit devant le pied gauche d'Uke (fig. 2). Pendant cette rotation du corps, Tori lâche sa main gauche du revers d'Uke et place son bras sous l'aisselle droite d'Uke. Ce tsukuri se combine avec une légère flexion des jambes. A ce moment, Uke est sur le dos de Tori; ce dernier maintient fermement le contact par une traction énergique et continue du bras gauche en direction de la hanche gauche. Le bras droit aide ce mouvement tout en continuant a charger Uke vers le haut de l'épaule droite ( fig. 3). La projection sera due a la combinaison de l'action des bras, du déséquilibre avant de Tori (celui-ci se penche vers l'avant pendant le kake) et, en fin de kake, par l'extension des jambes de Tori (fig. 4).
Opportunités :
• la plus fondamentale est celle ou Uke a pose son pied droit au sol et avance son pied gauche. De lui-même il se charge sur le dos de Tori. Il faut, bien sur, provoquer en général, ce deplacement idéal : la réaction par petite poussée en est le meilleur moyen;
• l'opportunité la plus difficile, mais la plus déroutante parce que imprévue , est celle ou Uke avance et pose le pied droit. Son temps d'exécution est de moitie supérieur à la première opportunité, car le corps de Tori doit pivoter davantage, afin que les deux corps soient bien parallèles. Son temps d'application est donc plus délicat. Elle peut être créée par réaction sur o-uchi-gari, ou elle se présente aussi par esquisse de Tori sur ko-uchi-gari;
• lorsqu'Uke se déplace latéralement, le seoi-nage est très efficace au moment ou son centre de gravite « flotte » entre les deux jambes, c'est-à-dire au moment ou les pieds sont le moins ancres au sol (un peu comme dans okuri-ashi-barai). Il va sans dire que le seoi-nage classique sera plus facile dans le cas du deplacement latéral d'Uke sur sa gauche.
Points clés. Le déséquilibre sera horizontal au départ. Pendant le kake, il suivra une courbe oblique partant de l'épaule droite vers la hanche gauche, voire même le genou. Mais veillez aussi aux points suivants :
• lancez-vous vers l'adversaire en descendant sous lui, les jambes fléchies;
• pivotez et présentez-lui rapidement votre dos très droit, les reins un peu cambres ;
• pendant le tsukuri, ne cassez pas le corps en avant;
• la traction du bras gauche doit être constante jusqu'a la chute de l'adversaire;
• décollez le coude du corps et fixez fermement sur vous son épaule droite;
• vos genoux doivent être fléchis au maximum, et très écartes.
Difficile au début, cette position (importante) deviendra aisée par entraînement;
• tenez la tête droite, les muscles du cou contractes et regardez droit devant vous. Des que l'adversaire « décolle », foncez vers le sol tête baissée, Ne la tournez pas, sauf pour le seoi-nage spécial oblique;
• ne frappez pas l'adversaire avec vos cuisses; au contraire, amenez-le sur vous;
• ne sortez pas trop vos hanches. Dans certains cas (esquives systématiques de l'adversaire), vous sortirez un peu les hanches sur la droite. Portez alors plus de poids sur le pied gauche que sur le droit.
Enchaînement -combinaison. En général on attaque directement en seoi-nage; toutefois, dans certains cas, il est bon d'ouvrir la voie par ko-uchi-gari ou o-uchi-gari. Si l'adversaire résiste mal à vos attaques, vous pouvez attaquer deux ou trois fois de suite en seoi-nage. Si sa résistance est un bloquage et un retrait de son équilibre vers l'arrière, enchaînez avec ko-uchi-gari ou o-uchi-gari, suivant la répartition du poids de votre corps et suivant votre attaque. Dans le cas d'ippon-seoi-nage, vous pouvez, après résistance de l'adversaire, descendre en seoi-otoshi (voir plus bas) ou dans le cas du morote-seoi, enchaîner en maki-komi-seoi (voir plus bas).
Enfin, une combinaison peu connue mais efficace est d'enchaîner en sukuri-nage (spécial). Pour l'exécuter, vous entrez en ippon-seoi et au moment de pivoter le corps, vous lancez la jambe droite derrière les jambes de l'adversaire (fig. 6), tout en le déséquilibrant sur son arrière avec votre bras droit sous ses bras. Son corps est alors sur son flanc gauche. Votre main gauche tire son revers. Il est bascule en arrière par un balayage puissant de ses jambes et par votre déséquilibre en sutemi (fig. 7).
Contre-attaque. La contre-attaque est difficile. Généralement, elle consiste à bloquer du ventre, mais contre un seoi-nage techniquement bon, c'est insuffisant. Plus efficace est la technique de défense consistant à plier les genoux et même à les appuyer fortement contre les creux poplités des genoux de votre adversaire. Dans le même ordre d'idée, pousser de la main gauche dans le dos de votre attaquant et tirer de la main droite est généralement suffisant pour anihiler un seoi-nage. Toutefois, ces défenses sont statiques et ne paient qu'au début; sur un spécialiste, elles échoueront rapidement. Plus difficiles à mettre au point, mais plus dynamiques et positives sont les authentiques contre-attaques.
La moins difficile est de bloquer l'attaque par une défense que nous venons de voir et d'enchaîner immédiatement par un étranglement arrière (voir plus bas).
La maîtrise de contre-attaque du seoi-nage consiste à se laisser «embarquer» par cette projection; mieux, a se donner (ce qui déséquilibre un peu l'attaquant) et à pivoter sur le dos pour retomber au sol face à l'adversaire. En utilisant l'énergie cinétique de cette envolée, placez sans discontinuité un sutemi latéral dans le genre du sumi-gaeshi. Ceci demande un grand contrôle de soi et du partenaire, nécessite une parfaite mise au point et, en combat, une constante maîtrise de l'esprit.
Enfin, sur un début d'attaque (aux premières prémices du tsukuri), si vous « sentez » le seoi-nage partir, fauchez promptement la jambe droite de votre assaillant qui s'avance (avec un de-ashi-barai, par exemple). Ceci ne provoque pas généralement la chute de l'adversaire, mais rompt son tsukuri. De plus sa position étant sérieusement compromise, vous pouvez enchaîner par o-soto-gari et être certain de pratiquer un judo très pur.
Variantes et secrets. Les différentes variantes du seoi-nage ressemblent dans les grandes lignes à l'ippon-seoi-nage que nous venons d'analyser plus haut. On distingue
• Morote-seoi-nage. Se traduit par « chargement à l`aide des deux mains », Seuls les judokas de petite taille peuvent en tirer utilement parti. La souplesse exigée pour se glisser sous l'adversaire sans lâcher les deux mains est un véritable tour de force pour un judoka de grande taille. En effet, ce qui le distingue d'ippon-seoi, c'est l'utilisation des deux mains sans lâcher le kumi-kata. Tori tire donc de la main gauche le bras droit d'Uke, et place ainsi son coude droit sous l'aisselle de Tori (fig. 8).
• Kata-eri-seoi-nage. Se traduit par « chargement par un cote avec revers ». C'est la même projection que morote-seoi; elle n'en diffère que dans le kumi-kata : Tori saisit le revers droit d'Uke au lieu du revers gauche. Cette prise spéciale a le défaut d'éveiller l'attention d'Uke lorsque celui-ci a été attaque deux ou trois fois de cette manière.
En effet, une confusion est possible au début, car Uke pense à un étranglement debout. Tori, généralement de petite taille, en profite pour placer seoi-nage. Sur un adversaire prévenu, l'attaque à gauche est plus réalisable .
• Fumi-komi-seoi-nage. C'est un ippon-seoi avec la jambe droite à l'extérieur de la jambe droite d'Uke, comme un tai-otoshi. Il s'agit d'attaquer avec énergie, directement en fente. Si on attaque ippon-seoi et que l'adversaire bloque le mouvement, n est encore possible de le projeter en descendant le centre de gravite par une fente semblable. Mais, dans ce cas, la jambe s'engagera moins loin .
• Makikomi-seoi-nage. C'est un morote-seoi-nage qui, manque, sera continue en passant le bras droit au-dessus du bras droit d'Uke et en tombant vers l'avant comme dans les sutemis . hane-makikomi et soto-makikomi.
Terminons cette étude sur les seoi-nage en analysant le secret de la réussite de cette belle technique:
• il faut, en déplaçant rapidement les hanches et les jambes, descendre sous la ceinture de l'adversaire tout en le déséquilibrant. L'action des bras doit être extrêmement rapide et énergique, afin de le «verrouiller» contre votre dos avant qu'il ne se soit rendu compte de ce qui lui arrive;
• à partir de ce moment, avec peu de force, vous pouvez le projeter si votre déséquilibre est suffisant et si vous êtes vraiment très bas.
Sans quoi il est possible de projeter encore votre adversaire, même beaucoup plus grand et plus lourd que vous, a condition de posséder un punch explosif, une forte musculature scapulaire, lombaire et abdominale. Ici intervient évidemment la puissance. Elle suppléera dans ce cas, votre technique. L'idéal reste (bien entendu) i'inverse.