Elles débutent par les premières courbatures pour finalement s'épanouir dans la maîtrise totale du corps et l'usage parfait de l'énergie. Le débutant, même s'il est un sportif entraîné, se sent gauche, malhabile. La souplesse exigée par le judo est différente des autres sports, elle lui est spécifique. En outre, la contraction neuro-musculaire due au manque d'expérience d'une part et au sentiment de gaucherie d'autre part, influence énormément les premiers exercices.
Aussi est-il inévitable que le nouveau judoka ressente au lendemain de la première séance, des courbatures plus ou moins sérieuses.
Les plus fréquentes sont-les raideurs du cou, des abdominaux et des jambes. les courbatures du cou sont dues au manque de fermeté des muscles pendant les brise-chutes. La tête chaque chute, lancée sèchement en arrière ou sur le côté. Pour limiter ou du moins réduire les douleurs du lendemain, il suffit de s'efforcer de rentrer le menton, contracter les muscles du cou et ainsi maintenir la tête très fermement pendant les brise-chutes.
Les muscles abdominaux sont généralement douloureux, eux aussi; c'est la preuve qu'ils ont travaillé énormément. le seul fait de se relever sans cesse pendant l'étude des chutes s grandement ces muscles. De plus les premiers mouvement de judo demandent déjà une importante contraction de la ceinture; abdominale. Pour qui se sert peu de ses jambes, l'entraînement du début lui rappellera que celles-ci vont jouer un rôle primordial dans la pratique du judo. Aussi ne s'étonnera-t-il pas de le trouver un peu raides et sujettes aux crampes les premiers jours.
Ces premières courbatures, sont normales, les muscles travaillant d'une manière inaccoutumée. leur position est modifiée leur contraction ou élongation diffèrent en étendue et en intensité, leur travail est plus long qu'à l'ordinaire. Cela demande une accoutumance, une période d'adaptation. Celle-ci durera tout plus une quinzaine de jours, si l'entraînement est de deux ou trois fois par semaine. le débutant doit vaincre ce petit handicap qui, en fait, est déjà une épreuve.
D'autres sensations étranges naissent dès les premiers exercices. Tout d'abord l'usage des pieds est pour la plupart d'entrenous une re-découverte. leur ossature, leur musculature, leur forme, constituent une merveille d'architecture et de mécanisme. Les pieds forment notre base de sustentation, mais aussi une partie importante de notre système de locomotion. Enfant, nous avions commencé l'apprentissage de la marche, de la course et du saut. Nous commencions à pressentir toutes les possibilités à tirer de ces instruments pour notre statique générale et notre évolution dans l'espace. Mais bien vite la civilisation nous a contraints à arrêter cette croissance kinesthésique et kinétique. Le judo nous permet de reprendre cet apprentissage. Non seulement les muscles et articulations du pied sont entraînés et développés admirablement, mais leur utilisation connaît une bien singulière extension. la marche est réapprise en tenant compte du déplacement et des attitudes des diverses sections de notre, corps.
Le pied devient un trait d'union de plus mince, mais de plus en plus dynamique entre le sol, la gravité, et la mobilité grandissante du corps entier.
Plus le judoka pourra accroître le jeu et la sensibilité neuromusculaire des pieds, plus il perfectionnera son attitude, ses déplacements et enfin ses attaques. De plus, le pied joue un rôle important dans beaucoup de projections, ainsi que dans de nombreuses techniques du combat au sol.
Toute ceinture noire sait le rôle important que jouent les pieds nus en judo et quelle forme de liberté leur usage complet donne à tout individu.
Après la découverte de l'usage des pieds, ce sera pendant l'étude des brise-chutes la prise de conscience d'un autre arrêt: \ la sensation du déséquilibre dynamique.
La notion d'équilibre n'est pas innée chez l'homme. A sa naissance, il lui est impossible de se tenir dans une position ferme. Mais, très vite, les sens transmettent au cerveau une foule de renseignements concernant la position des moindres parties du corps, ainsi que les diverses particularités de l'univers qui l'entoure.
En outre, un mécanisme délicat situé dans l'oreille interne informe le cervelet de la position de la tête par rapport à la verticale (pesanteur). Peu à peu, le bébé acquiert la conscience de ses muscles. Ceux-ci se fortifient et permettent à l'enfant de prendre des positions de plus en plus volontaires et donc de plus en plus indépendantes de la pesanteur.
Toutes les étapes physiques avant l'acquisition de la marche seront des tentatives de maîtriser le corps en vue de se libérer de cette force de gravitation. Aussi, dès que l'enfant se tient debout, la marche qui n'est en soi qu'un moyen de locomotion devient un exercice d'adresse où l'on défie à chaque instant les lois de la gravitation.
Une position debout statique (le garde-à-vous militaire, par exemple) est en réalilé un combat très dynamique contre la pesanteur.
Cet état n'est pas un état d'équilibre statique parfait mais au contraire un équilibre instable relatif.
La station debout en gymnastique est une des attitudes les plus fatigantes qui soit, car elle mobilise la contraction de la presque totalité des muscles. Aussi n'est-il pas étonnant que le judoka ne soit jamais statique, mais au contraire perpétuellement en mouvement, perpétuellement en déséquilibre contrôlé.
Cette manière de se comporter lui donne une liberté de mouvement et une sensation de liberté tout court que peu de sportifs connaissent. Cette sensation d'affranchissement physique et mental prodigieux est un des secrets de l'efficacité des grands maîtres ..
Mais pour y arriver, le débutant devra, dès le départ de son apprentissage, éliminer un par un tous les handicaps qui le paralysent. Ceux-ci sont les nombreux réflexes inhibiteurs accumulés dès son enfance par la peur du déséquilibre.
Le judo reprend patiemment chaque cas à son début; impossible d'exécuter la moindre projection sans une certaine liberté corporelle l'exécution parfaite de toutes les techniques, tant debout qu'au sol, implique une liberté totale et du corps et de l'esprit .
Cette liberté commence avec les brise-chutes.
Certains débutants devront décomposer dans ses éléments chaque brise-chutes et partir de la position la plus basse. Ensuite, peu à peu, le mouvement global sera exécuté de plus en plus haut, pour enfin partir de la station debout.
La principale difficulté à surmonter est l'ensemble des contractions neuro-musculaires inconscientes. Patiemment, le fesseur les rendra conscientes à l'élève une par une.
Ce qui est vrai pour les attitudes de maintien et d'équilibre, l'est forcément aussi pour tous les mouvements, des plus élémentaires au plus complexes.
Aussi n'est-il pas étonnant qu'après le dégrossissage des brise-chutes, un même travail de déblayage soit nécessaire pour l'apprentissage des premières projections. Pour réussir une projection, une immobilisation ou quelqu'autre mouvement ,il est nécessaire de déplacer son propre corps en général et certaines sections en particulier.
Or, pour y parvenir, il faut encore et toujours composer avec la pesanteur. l'équilibre dynamique joue un rôle primordial dans les attaques comme dans les défenses. les divers déplacements propres au judo, initieront l'élève aux mouvements du centre gravité du corps et prépareront l'attitude correcte aux projections .
Ces dernières seront également analysées en détail chaque que le mouvement global souffrira d'une attitude inadéquate. recherche des contractions inconscientes est aussi très importante.
Après les premiers grades, le bagage technique augmente et l'assimilation des brise-chutes est assez satisfaisante. De plus, l'entraînement régulier de ces premiers mois a permis à l'organisme de s'adapter aux exercices du judo. la souplesse musculaire et ligamentaire augmente, le système nerveux commence à être connu, donc contrôlé.
La décontraction simple doit faire place à une décontraction plus nuancée en intensité et en temps. les muscles doivent tout comme les nerfs ou l'esprit, être constamment souples e pouvoir immédiatement se contracter lorsque la nécessité s'impose. Cette contraction sera d'une intensité trop importante au début mais, peu à peu, l'élève se rapprochera du dosage exact tant. en intensité qu'en temps. Nous touchons ici un des points capitaux de tout apprentissage neuro-musculaire : l'important problème de la «contraction-décontraction ». le principe supérieur du meilleur emploi de l'énergie n'est applicable que par une suite continue d'actes uniques. l'acte unique étant la composante de tous les Influx nerveux, de toutes les contractions musculaires et de tous les déplacements de parties du corps concourant à une action bien déterminée. Cela peut être un geste élémentaire comme celui de fléchir l'index sur la gachette d'une arme à feu, ou un geste complexe comme la mobilisation complète de tout le corps dans une projection telle qu'o-soto-gari. Cet acte unique n'est composé que d'éléments absolument nécessaires pour atteindre son but. Il est totalement libéré de gestes, mouvements ou contractions parasitaires.
Tout l'art du judo est basé sur l'acte unique. A chaque instant, le judoka doit contracter certains muscles bien précis et en décontracter d'autres. Les intensités de contraction et de décontraction varieront d'un geste à l'autre. Pour un excellent professeur, l'analyse de ces variations est relativement aisée à déceler chez l'élève. Il lui montrera ainsi que dans telle projection, le poing gauche est trop serré, que le triceps gauche ne tire pas assez, que le biceps droit est trop contracté, que la position du cou est mauvaise, que les fléchisseurs de la colonne vertébrale sont trop contractés, et les extenseurs pas assez, que la jambe gauche est plus dure que de la pierre, etc ...
Alors patiemment notre ceinture blanche ou jaune prendra conscience peu à peu de «ce qui ne marche pas» dans son judo. Ce sera une lente mais passionnante découverte et maîtrise de son corps.
Les avantages qu'il en tirera seront énormes. Tout d'abord, la progression de sa technique sera rapide et de longue durée. Ensuite, la maîtrise de la décontraction locale ou complète lui feront bénéficier d'une importante économie d'influx nerveux, d'un accroissement de force et de précision des gestes, d'une diminution de fatigue nerveuse et musculaire, d'une immunité quasi totale contre les accidents (chutes, etc...) et d'un puissant auxiliaire d'éducation mentale.
Avec la pratique du yaku-soku-geiko et du kakari-geiko, le judoka arrive enfin à l'activité libre.
Le premier handicap dans ces assauts est la perte rapide du souffle. Le second est la lenteur de perception des opportunités, ainsi que la lenteur relative des attaques.
En ce qui concerne le premier, il est naturel qu'un essoufflement rapide soit ressenti au début des premiers assauts. Il y a là toute une éducation et un entraînement à mettre au point. Pourquoi s'essouffle-t-on? Il ya deux raisons: l'une naturelle et inévitable, l'autre anormale et évitable.
La première est d'ordre physiologique : tous les muscles et nerfs travaillent intensément pendant l'exercice et par conséquent consomment de .l'oxygène. Le cœur pompe rapidement le sang appauvri vers les poumons et ceux-ci font appel au maximum d'air possible pour enrichir le sang d'oxygène. D'où ces battements de cœur et cette respiration haletante pendant tout exercice physique un tant soit peu intense. L'entraînement va muscler le cœur et habituer les poumons à respirer amplement et complètement.
La seconde cause d'essoufflement est la contraction inconsciente du combattant novice. Contraction souvent musculaire, nerveuse et psychique. En fait, un groupe musculaire contracté statiquement consomme autant d'oxygène qu'un m mouvement. En outre, les nerfs travaillent plus et consomment proportionnellement vingt fois plus d'oxygène que les muscles.
Enfin, par un mécanisme très complexe, un esprit crispé réagit sur le système nerveux et par conséquent sur les muscles mais aussi sur les glandes endocrines qui peuvent accroître se blement la fatigue.
Le professeur ne cessera de répéter au débutant de se relaxer d'être souple.
En corrigeant ses attitudes et en éduquant sa respiration par, des exercices appropriés, le judoka accroîtra dans des proportions étonnantes sa résistance et son souffle.
Le second point, celui de la lenteur, est normal chez tout débutant. Ce n'est qu'à force de travail qu'il parviendra à réduire le temps de perception et le temps d'attaque. C'est ici que l'entraînement à l'uchi-komi revêt une importance capitale. Le judoka veillera en particulier à éliminer tous les gestes inutiles. Ses attaques seront de plus en plus rapides et de plus en plus énergiques. L'entraînement au kakari-geiko lui apprendra à percevoir très rapidement les opportunités d'attaques. Cet exercice épuisant deviendra progressivement plus facile.
Lorsqu'après la ceinture orange, le judoka s'initie au randori il se produit alors une espèce de contact avec la réalité.
L'adversaire ne se laisse plus faire: c'est le vrai combat Cet exercice, passionnant entre tous, n'est pourtant pas encore le dur combat de compétition.
Ici plus encore que dans les autres formes d'entraînement le souffle et la vitesse d'attaque sont nécessaires.
Aussi est-ce le moment où l'élève « sent» un mouvement mieux qu'un autre. Au sol, ce sera une immobilisation favorite; debout, une projection préférée parmi toutes les techniques. C'est ce qu'on appelle le tokui-waza ou le « spécial» du judoka.
Ce mouvement favori est particulièrement étudié et répété des milliers de fois en uchi-komi; il devient peu à peu une arme redoutable. Le tokui-waza est, en général, une technique convenant particulièrement à la morphologie du judoka et souvent adaptée à son cas personnel.
Bien souvent le mouvement ainsi choisi est peu à peu déformé, adapté et légèrement différent du fondamental. Ce sera le mouvement d'attaque par excellence en randori.
Mais les autres techniques doivent aussi être étudiées et pratiquées avec assiduité. .
Elles permettront de compléter l'efficacité du tokui-waza et d'élargir la compréhension générale du judo. Ainsi le judoka intensifie peu à peu son bagage technique, l'enrichit de nouvelles prises, variantes et contre-prises. Ces dernières sont en effet autorisées dans le randori.
La richesse de cet entraînement fait de cette période de l'évolution du judoka une des plus exaltantes qui soit. Cette euphorie physique se manifeste sous bien des formes et l'une des plus classiques est l'application souvent inconsciente des principes du judo à la vie quotidienne. Le judoka commence à utiliser son corps dans tous les actes journaliers comme au dojo. C'est évidemment le judoka qui exerce une profession manuelle qui l'expérimente de la manière la plus spectaculaire, Mais tous respirent mieux, économisent leur force, se sentent plus efficaces. Peu à peu chacun envisage la vie sous un nouvel angle.
Ensuite, le judoka s'initie aux premières formes fondamentales: les katas. C'est une expérience curieuse. Les gestes jusqu'à présent minutieusement étudiés, étaient librement exprimés dans le combat. En kata, il faut les appliquer suivant des règles rigoureuses. Le rythme et la forme jouent un rôle prépondérant. Tout acte doit être, ici plus qu'ailleurs, authentique. Cet apprentissage sera parfois long. Arrivé à ce stade, l'élève ne se sent plus avancer. Après un début parfois lent et pénible, la progression jusqu'à la ceinture bleue est rapide et très riche en enseignement. La transformation a été, jusque là, constante et intense malgré, bien sûr, des moments de lassitude ou de découragement.
Mais maintenant le judoka se trouve à un des premiers « moments-charnières» de son évolution. Il n'est plus novice, mais pas encore expert. En fait, au stade de ceinture bleue, on apprend quelques projections, clés et étranglements supplémentaires et l'on s'initie au début du kata. L'important est d'approfondir le bagage acquis et d'en affiner l'efficacité. Le rôle du professeur sera très important à ce moment afin d'éviter le découragement de l'élève. Cette étape de mise au point sera notamment employée à découvrir toute l'importance et toute la richesse du combat au sol. C'est une des meilleures écoles du contrôle de soi et de l'adversaire. Si l'élève est bien conduit, il pourra découvrir l'importance des déséquilibres dans le ne-waza et en tirer utilement parti. Ensuite, c'est la ceinture marron!
C'est le moment où l'on se croit champion.
C'est le début des vrais shiaïs, cette école de vérité qui doit promouvoir le judoka. L'entraînement sera intensifié, plus dur, plus intransigeant. Ce sera une véritable ascèse. Chaque mois, les durs combats récompenseront les meilleurs. Il y aura l'amère expérience des défaites. Que le professeur et l'élève en tirent immédiatement la leçon qui s'impose. Assez de sommeil? Et la nourriture? Assez d'uchi-komi? Et les randoris? Assez étudié les contre-attaques? Et le combat au sol? Etc ... Ces combats sont les premiers pas pour la préparation « au grand passage ». Car pour préparer le fameux examen de ceinture noire, il faut d'abord réussir le tsuki-nami-shiaï. Après le nombre de victoires requises, le candidat pourra alors se présenter au shodan shiken («examen des grades »), Aussi prépare-t-il dès le début de son grade de ceinture marron les matières du-dit examen. Outre les techniques nouvelles, il devra connaître l'entièreté du nage-no-kata et les règles de base du shiaï. Lorsque la ceinture marron est particulièrement efficace en combat, elle peut rapidement terminer ses shiaïs et se consacrer ensuite pendant quelques mois au kata et à la technique. C'est une révision complète et approfondie de toute la technique de base du judo. Le grand jour arrivé, le professeur présente, s'il l'estime digne, son élève dûment préparé au shodan-shiken. Devant une commission de grade assez impressionnante, il devra faire montre de sa maîtrise et exécuter impeccablement les phases du kata, ainsi que les techniques qui lui sont demandées. Il répondra aussi aux questions de théorie élémentaire pour un judoka de son grade.
Le premier pont est alors franchi : ceinture noire! Ce moment est l'un des plus importants dans la vie du judoka. Avec quelle joie le judoka a-t~il dénoué sa ceinture marron, pour ceindre enfin cette fameuse ceinture noire. Que de chemin parcouru depuis ce jour où il franchissait pour la première fois la porte d'un dojo! Il se sent maintenant non seulement possesseur d'une solide technique de combat, mais surtout et aussi d'une connaissance et d'une maîtrise de soi incomparable. C'est le moment de faire le bilan et de se rendre compte qu'en fait le vrai judo ne va que commencer. Jusqu'à présent on n'a fait que le découvrir, maintenant il faut le pratiquer et aller jusqu'au bout de son enseignement. Le bagage technique sera considérablement renforcé. Le tai-sabaki est une mine inépuisable de progrès.
Mais une difficulté, de taille, se fait jour. Les adversaires deviennent, eux aussi, terriblement efficaces. Impossible de s'endormir sur ses lauriers. Il faut travailler dur. L'entraînement est très viril. Le randori occupe une très grande part des séances et la technique est affinée dans les katas. Au tokùi-waza primitif s'ajoute un second puis un troisième «spécial ». Une bonne ceinture noire possède ainsi plusieurs tokui-waza. La force et la souplesse des muscles est accrue par une série d'exercices spéciaux, tels Que la culture physique, la gymnastique aux agrès, l'hébertisme, fa power-training, etc. La ceinture noire désirant progresser, devient un véritable athlète. D'autres exercices vont entraîner et développer la puissance du système nerveux. Celui-ci jouera un rôle capital dans la maîtrise du kiai. Et peu à peu le judoka gravira lentement les échelons multiples de la voie. Ce sera un long apprentissage. Les compétitions sportives seront un précieux stimulant. Cette rude préparation aux championnats sera un succédané du Bushido antique, cette fameuse «Voie du Guerrier» que suivait tout vrai samouraï. Mais le titre ou le trophée n'est pas le but ultime; ce n'est qu'une étape. Si le judoka devient de plus en plus expert au cours de l'ascension des dans, il n'est pas encore un maître. Maître en judo ne se traduit pas par un certain nombre de dans mais plutôt par la parfaite maîtrise du principe du meilleur emploi de l'énergie. Ce sera donc vers quoi tendra tout le travail physique du judoka: de moins en moins de force. Lorsqu'il aura compris au travers de ses muscles, de ses nerfs, de ses réflexes, bref au travers de son corps, que le judo est vraiment la voie de la souplesse, le judoka aura alors atteint la maîtrise. Le tai-sabaki et le kiai guideront à chaque instant ses moindres actes, ses moindres pensées. Sa vie deviendra parfaitement harmonieuse. Chaque acte sportif, professionnel ou autre, sera un acte authentique, libre, efficace: un acte parfait. Le judo aura atteint son but: un meilleur emploi de l'énergie, au dojo et dans la vie.