lundi 15 novembre 2010

Judo Kodokan


Le judo fut enseigne des 1882, au dojo de Jigoro Kano, baptisé Kodokan ou « Ecole pour l'Etude de la Voie»

Le premier élève s'inscrivit le 5 juin 1882; il s'appelait Tomita. Puis vinrent Higushi, Nakajima, Arima, Matsuoka, Amano Kai et le fameux Shiro Saigo. Ce dernier deviendra le champion imbattable de judo et remportera de nombreuses victoires. sur des adeptes de l'ancien ju-jitsu. Ces premiers élèves étaient âgés de 15 à 18 ans. Kano les hébergeait et s'occupait d'eux comme un père. Ce fut une période passionnante, mars difficile ; le jeune professeur était sans argent et le tapis mesurait à peine 20m2! Mais son école se développa et devint célèbre en peu de temps:



premier local judo Kodokan

Le premier local du judo Kodokan


Le Kodokan releva maints défis lances par les professeurs du ju-jitsu. En 1883, le Kodokan changea d'adresse et transforma en dojo l'entrepôt d'un éditeur. L'année suivante, le dojo avait encore grandi et son tapis mesurait quelque 40 m2.

Deux ans plus tard, Kano fit construire un dojo dont le tapis mesurait près de 80 m2. Les rencontres entre les diverses écoles de ju-jitsu se multiplièrent, Il s'agissait souvent de concours, dont les vainqueurs devenaient professeurs à la police.

Le Kodokan remporta sa première victoire en 1886 : ses fameux élèves Saigo et Yoko-Yama s'étaient fait particulièrement remarquer. Des sections du judo Kodokan se fondèrent à Nirayama, Edajima et Kyoto. Le judo Kodokan ne connut qu'une défaite : un redoutable ju-jitsuka, nommé Tanabé, battait régulièrement tous les champions. Spécialiste du combat au sol, il parvenait à attirer ses adversaires en position couches, puis les «étranglait» en un éclair. De ces défaites, Kano tira une leçon : il fallait perfectionner le judo au sol, et tout judoka devrait connaître la lutte en position couchée, aussi bien qu'en station debout.

Le judo est maintenant définitivement établi. D'année en année, le judo Kadokan agrandit son dojo.


judo Kodokan 1934

Le judo Kodokan en 1934



Lorsque Kano entreprit ses premiers voyages autour du monde et fit pénétrer le judo en Europe et en Amérique, il confia à ses meilleurs élèves la direction du judo Kodokan.

En 1897, le gouvernement japonais institue une école nationale de tous les arts martiaux, le Butokukai. Le judo y est enseigné par les maîtres lsogai, Nagaoka, Samoura, Tabata et Kurihara. Bien que cet enseignement soit place sous l'égide de Kano, à Butokukai ne tarde pas à devenir un rival du Kodokan. Quelques années plus tard, les écoles supérieures et professionnelles, patronnées par l'université impériale de Tokyo, forment une autre fédération : le Kosen. Des judokas excellents de ces deux dernières école s font la vie dure aux champions du Kodokan.

Toutefois, celui-ci continue son ascension. Son dernier dojo est le plus grand du Japon : 185 m2. Peu de temps après, cette surface est portée au double. Le judo est, enfin, enseigne officiellement à l'école. Une synthèse harmonieuse commence à se faire jour dans les moeurs nippones. Le public ressent le besoin de se retremper dans un art de vivre, sobre et discipliné. La culture du corps et de l'esprit semble une nécessité: le judo paraît tout indique. Il aidera ainsi, par sa valeur interne, la restauration de plusieurs arts martiaux. Dans les classes secondaires - et même dans de nombreuses classes primaires - le judo est inscrit au programme des cours.

Kano codifie une pédagogie du judo: le gokio (voir Techniques de judo),avec l'aide des maîtres Yoko-Yama, Yamashita, Nagaoka, litsuka. Les mouvements dangereux sont élimines. Le gokio sera complètement révisé en 1920, par une douzaine des plus grands maîtres; il restera inchangé jusqu'a nos jours.

En 1909, Ie judo Kodokan devient institution publique. C'est a cette époque que les katas, établis pour Ie Butokukai, sont enseignes au judo Kodokan et forment les premiers fondements du judo : Ie nage no kata, Ie kime no kata et Ie katame no kata viennent s'ajouter aux ju no kata et itsutsu no kata, mis au point en 1887. Le nombre de femmes pratiquant Ie judo augmente : bientôt une section féminine est ouverte. Kano avait déjà pris Ie soin de créer un cours de formation pour professeurs. De plus, Ie judo Kodokan est dote d'associations culturelles, de comites de recherches, de commissions d'étude, etc.

En 1934, Ie judo Kodokan est loge dans un nouveau bâtiment de trois étages; il possède un tapis de 2.000 m2 On dit désormais du judo Kodokan qu'il est la Mecque du Judo. La même année ont lieu les premiers championnats du Japon.

A la mort de Kano, près de 120.000 judokas sont officiellement recense s, dont 85.000 ceintures noires. Et ces chiffres sont en dessous de la réalité, car bien des dojos prives enseignent Ie judo à des élèves non recensés.

Dés 1938, Ie climat politique laisse pressentir la guerre. les militaristes remettent en honneur les vertus guerrières. L'entraînement aux arts martiaux est en vogue dans tout Ie pays. Le Butokukai devient tout puissant et forme toutes les couches de la population à l'esprit du bushido. Le judo, Ie kendo (escrime), Ie karate (savate), Ie kiudo (arc) et bien d'autres sports sont enseignes dans un véritable esprit guerrier.

L'après-guerre au Japon

Après la défaite, .les Américains interdirent toutes les activité s inspirées du bushido. Les arts martiaux et Ie judo turent prohibes, Les judokas ne pouvaient s'entraîner que dans la clandestinité. En 1946, les professeurs du judo Kodokan furent autorisés à enseigner aux ... troupes américaines. Puis Ie judo fut permis, à condition de ne pas se présenter comme un art martial, mais comme un sport. Le Butokukai fut définitivement supprimé et Ie Kosen dut calquer son activité sur celle du judo Kodokan.

Jusqu'ici, Ie judo avait été diffuse surtout au japon. Seuls, Kano et quelques-uns de ses disciples I'avaient introduit en Europe et en Amérique. Quelques inities avaient été formes en Angleterre, en France, aux Etats-Unis, en Argentine, etc. Le nouveau judo japonais allait se répandre dans Ie monde entier en très peu de temps.

En 1950; près de 150.000 judokas sont titulaires de la ceinture noire. L'année suivante, les forces américaines autorisent I'enseignement du judo dans les écoles japonaises. En 1952, lors, du 70e anniversaire de la création du judo, on dénombrait au Japon quelque 200.000 ceintures noires. .

En 1956, Ie Japon organise les premiers championnats du monde à Tokyo ; c'est Natsui qui en sort vainqueur. En 1958, de nouveau à Tokyo, finale du deuxième championnat du monde : Sone bat Kaminaga. Depuis la fin de la guerre, plus de 15.000 étrangers ont fait un séjour plus ou moins prolongé au Japon, afin de se perfectionner. Un nouveau bâtiment très moderne, aux larges baies vitrées, plus spacieux encore que Ie précédent, a été construit. Outre son immense tapis, il contient des salles spéciales pour l'entraînement des femmes, des enfants, des élèves particuliers, des étrangers, etc. Il héberge des étudiants spéciaux, ainsi que des instructeurs à demeure.

L'après-guerre dans Ie monde

Jigoro Kano fit de nombreuses démonstrations et conférences en Europe et en Amérique, mais n'obtint qu'un succès très limite. D'antres Japonais eurent plus de chance. Aux Etats-Unis, Ie maître Yamashita eut comme élève Ie président Théodore Roosevelt.

D'autres judokas y firent des séjours : notamment Nagaoka, litsuka.. Makino. Kotani, Kuashima, Yoshida, Yamanuchi.


Kodokan actuel

Le Kodokan actuel

On comptait plus de trente dojos aux U.S.A. avant la seconde guerre mondiale, Après celle-ci, de nombreux soldats yankees ayant suivi les cours du Kodokan revinrent enthousiasmés aux Etats-Unis. De plus, l'armée de l'air envoya régulièrement des stagiaires au judo Kodokan. Des experts nippons allèrent aux Etats-Unis pour enseigner les arts martiaux et Ie judo.

En Grande-Bretagne, Ie judo fut introduit par Ie maitre Koizumi.

Mais, jusqu'à la fin de la seconde guerre mondiale, il était I'apanage exclusif d'un petit groupe. A plusieurs reprises, les judokas anglais reçurent la visite de maîtres japonais. Une association britannique, similaire au judo Kodokan et qui porte Ie nom de Budokwai, organisa Ie judo dans ce pays.

En France, malgré les visites de Kano et d'autres experts nippons, Ie judo ne connut guère de succès, Tout au plus, en 1905, Guy de Montgaillard (surnommé Ré-Nié) ouvrit une salle destinée à I'enseignement du ju-jitsu. Ses défis victorieux adressés aux boxeurs et lutteurs, ainsi qu'une adroite propagande, lancèrent en moment la mode de ce «mystérieux art de lutte», aux prises aussi secrètes que redoutables. Un autre Français, plus aventureux encore et qui avait séjourne à Tokyo, I'officier de marine Le Prieur, devint la première ceinture noire de France. Mais, malgré la visite de Ishiguro et I'enthousiasme de quelques fanatiques, Ie judo ne prenait pas racine en France.

En 1935, un Japonais, Mikonosuke Kawaishi, qui s'était installe à Paris, se mit à enseigner Ie judo suivant une méthode personnelle. Un de ses me rites fut de marquer les grades du judoka par des ceintures de couleurs différencier (voir Le judogi).



Ensuite, il divisa les prises en groupes d'application; chaque technique fut numérotée. Ainsi une projection, où I'on bascule I'adversaire en Ie fauchant de la jambe sur son arrière, est une projection de jambe et, comme elle est la première projection enseignée par Kawaishi, on I'appelle tout simplement «premier de jambe »,

Et ces deux nouveautés rationnelles... et psychologiques suffirent à populariser Ie judo en France! Apres bien des difficultés, Kawaishi avait forme plus de 100 judokas, lorsqu'il dut regagner Ie Japon en 1943. A son retour à Paris en 1948, il retrouva Ie judo français en plein essor. II en reprit la direction et Ie diffusa dans l'Europe entière. Bien des critiques ont été émises (et avec raison) su r sa méthode. Kawaishi doit néanmoins être considère comme Ie fondateur du judo européen. En fait, Ie judo s'était peu à peu introduit dans Ie monde et quelques initiés, dissémines dans tous les pays, travaillaient à sa diffusion. Beaucoup de ces pionniers étaient des amateurs ... ou des charlatans. Quelques livres sur I'ancien ju-jitsu et sur Ie judo constituaient la seule source d'information de ces «professeurs» isolés.

Apres la seconde guerre mondiale, Ie public, encore conditionné par I'agressivité de quelques années d'hostilité, ressentait inconsciemment Ie besoin vague de «se défendre», d'être «armé», de se sentir «fort»,

Sans Ie savoir, c'est ce phénomène psychologique qu'exploitèrent les pionniers du judo. La formule «la défense du faible contre l'agresseur» fit fortune. La période «magique» du judo, commençait.

Bien singulier judo d'ailleurs! Les professeurs enseignaient (il y eut, bien sur, d'heureuses exceptions) un mélange de ju-jitsu ancien, de judo, de lutte et de boxe. La self-défense était au goût du jour et bien des amateurs s'initièrent aux «terribles prises secrètes».

Mais I'oeuvre de Kawaishi commençait à porter ses fruits. Les premières ceintures noires françaises enseignèrent en Belgique, en Espagne, aux Pays-Bas. Des amateurs de tous pays venaient de loin pour recevoir quelques leçons d'un maître japonais. Et, peu à peu, Ie miracle se produisit. La technique s'améliora, les «professeurs» devinrent de vrais professeurs. Des Japonais haut grades vinrent séjourner ou se fixer en Europe.

Peu a peu, Ie judo authentique de Kano fut enseigne partout.

Des techniciens européens publièrent des ouvrages et la célèbre revue «Judo du Kodokan» fut traduite en français et en anglais. Cette initiative, due a un groupe de judokas enthousiastes, permit de donner cinq fois par an les textes originaux de la revue du judo Kodokan depuis ses débuts. L'Occident s'abreuvait ainsi directement à la source. II n'est pas exagéré de dire que tout judoka sérieux, débutant ou expert avait enfin à sa portée une documentation unique au monde sur sa discipline favorite.



La période sportive commençait. Chaque pays organisait sa propre fédération nationale; les premiers championnats virant Ie jour; à Paris eut lieu, en 1951, Ie premier championnat d'Europe, auquel assistaient Risei Kano, Ie fils du fondateur du judo, qui fut nomme à cette occasion président de la Fédération internationale.

La vitalité des fédérations occidentales n'est pas sans inquiéter en peu les Japonais : Ie troisième championnat du monde, qui se déroula à Paris en décembre 1961, vit la victoire non pas d'un Japonais, comme cela semblait inévitable, mais du Hollandais Geessing. Ce 5e dan occidental battit I'ancien champion du monde, Ie 6e dan Sone. Un coup dur pour I'empire du Soleil Levant...

Mais ce résultat exceptionnel n'en démontrait pas moins que le judo était devenu universel.

A partir de cette date, de profondes modifications allaient orienter le judo vers une forme plus mode me, plus sportive et forcément moins traditionnelle.

En effet, en 1964, Ie judo entrait aux jeux Olympiques. C'était la consécration officielle du judo comme sport universel.

La encore, une surprise désagréable attendait Ie Japon : Ie phénomène hollandais Geesink rééditait son exploit de 1961 en en levant la médaille d'or «toutes catégories» ,

L'introduction du judo aux jeux Olympiques avait apports une grande innovation d'ailleurs très contestée: I'utilisation des catégories de poids en championnat.

Ainsi aux Jeux de Tokyo en 1964, les Japonais se consolèrent de la défaite en «toutes catégories. en monopolisant les médailles d'or en poids légers, moyens et lourds.

les 4e championnats du monde eurent lieu en 1965 à Rio de Janeiro. Geesink parvint a enlever Ie titre des poids lourds, Ie titre «toutes catégories» revint par contre au Japonais Inokuma, et ses compatriotes Matsuda et Okano remportèrent respectivement· les titres de «légers» et «moyens».

En 1967, les 5e championnats du Monde se déroulèrent à Salt Lake City aux U.S.A., en inaugurant de nouvelles catégories de poids. les résultats furent les suivants :

Poids légers Shigedka (Japon)

Poids moyens-légers Minatoya (Japon)

Poids moyens Maruki (Japon)

Poids lourds-légers Sato (Japon)

Poids lourds Ruska (Hollande)

Toutes catégories Matsunaga (Japon)

Au cours des 6e championnats du Monde a Mexico en 1969, les japonais enlevèrent tous les titres.

Cet exploit fut presque répété en 1971, où tous les titres furent remportes par des Japonais à l'exception des poids lourds où Ruska se montra Ie plus fort. II allait d'ailleurs faire mieux aux jeux Olympiques de Munich, en 1972, en remportant la médaille d'or des poids lourds et celle des «toutes catégories». Les Japonais ne remportant d'ailleurs que les médailles d'or des catégories poids légers, moyens-légers et moyens. Par contre, en 1973, aux 8e championnats du Monde à Lausanne, les Japonais allaient encore une fois remporter tous les litres.

Toutefois ces victoires masquent un fait indiscutable : Ie développement extraordinaire du judo dans tous les pays du monde et Ie nombre croissant de champions internationaux provenant de pays aussi divers que la France, les Etats-Unis, I'U.R.S.S., I'Allemagne, la Hollande, la Corée, la Pologne, la Grande-Bretagne ou I'Argentine. En fait, les compétitions internationales telles que les jeux Olympiques ou les championnats du Monde réunissent aujourd'hui des combattants de plus de 60 pays. Faudrait-il une preuve de plus pour démontrer I'expansion universelle du judo actuel? Plus de cent pays ont inscrit officiellement leur fédération nationale à la Fédération internationale de Judo!