Le judo peut être pratiqué par tous, sans exception. Dans certains cas, il peut jouer un rôle efficace en tant que thérapie pour les personnes handicapées morales ou physiques.
Notre petite expérience nous a permis de nous rendre compte des progrès et des transformations opérées - surtout mentalement - chez les jeunes handicapés(ées) qui, au fil des mois prirent de l’assurance et se comportèrent différemment au fur et à mesure de leur intégration dans le groupe. Une remarque s’impose: nous n’avons jamais voulu entraîner les jeunes handicapés séparément - ce qui suppose beaucoup de patience et de tolérance, voire d’acceptation de l’autre de la part des judokas non handicapés - Le fait même de s’entraîner avec ceux-ci, amènera de manière lente mais progressive, une évolution capable de rayonner sur l’état d’esprit des “malades”. Evolution due en grande partie à leur participation à un cours normal et à l’éclatement des barrières.., par une confiance réciproque.
Le plus grand bonheur réside dans la perception et la réaction des familles des handicapés qui deviennent également des “mordus” de cette discipline et qui nous racontent et nous décrivent les attitudes de leurs enfants à l’école, à la maison (plus grande assurance, joie de vivre, plus grand équilibre...).
Nous nous permettrons de citer notre collègue et ami2, dirigeant au niveau Ligue et enseignant d’un club de judo dans la région de Toulouse:
« j’eus un premier succès avec un élève sourd-muet dont la maman venait de mourir. Le père était catastrophé et l’enfant traumatisé bloqué dans ses gestes et son comportement. Après trois mois de pratique, il était rayonnant de joie. Celle-ci se reportait également sur son père qui n’avait plus que lui et qui retrouvait là une raison d’espérer à nouveau. Avec cet enfant, ce furent quand même de gros problèmes que je rencontrais. Dès les premiers contacts directs avec les autres - affrontements au sol par exemple - il réagissait violemment en poussant des cris gutturaux à la limite de l’hystérie... Après deux ans de travail, il passait sa ceinture marron. Il avait fait parallèlement d’énormes progrès sur le plan scolaire... ».
« Il faut avec cette catégorie spéciale d’élèves éviter un enseignement “scientifique”, intellectualisé à l’excès.., qui, en fin de compte, est autre chose que du judo... les enfants dont ils ont la charge ont plus besoin d’amour que de longs discours techniques...».
Ainsi, ceux qui font du sport contrôlent mieux leur corps et donc sont plus heureux. Les bénéfices physiques généraux dus à la pratique du judo sont grands et il est apparu que celui-ci participe à l’équilibre d’enfants aveugles et mentalement retardés.
J.M. GLESER a réalisé une étude pilote en 1992 sur 7 enfants âgés de 6 à 12 ans. Ces enfants ont participé pendant 6 mois à 2 cours de judo de I heure et demie par semaine, puis ces mêmes enfants se sont arrêtés pendant 5 mois. Il a noté des progrès cliniques du corps. Ces bénéfices diminuaient après l’arrêt de l’entraînement, sans toutefois revenir à leur niveau initial. En ce qui concerne l’examen neurologique et orthopédique, il n’y eut aucune amélioration si ce n’est pour les 2 enfants qui ont vu leur équilibre s’améliorer quelque peu.
La base de l’éducation de l’enfant s’appuie sur la patience et l’endurance. L’agressivité non canalisée est source de conflits avec autrui et de désordres physiques et psychiques. Le combat permet à l’individu de contrôler son agressivité.
La pratique d’un art martial est associé à une diminution du niveau d’agressivité verbale et physique et ce corrélativement au nombre d’années de pratique.
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1 Mr .Jean Deredempt du club de judo de la Guidance infantile de Toulouse
(France). grand pédagogue. Article paru dans la revue “Judo en Languedoc” n° 4 - 9/87 (que nous avons créée et dirigée) et intitulé: “Le Judo, dans l’éducation de l’autiste, pourquoi pas?” Page 15.