jeudi 2 juin 2011

L'arbitrage du judo



L’arbitre en judo a suivi un itinéraire classique: judoka, compétiteur - champion pour quelques uns - entraîneur, dirigeant de club ou de ligue, il reste imbibé d’un esprit sportif à même de l’engager à continuer à œuvrer (en dehors des entraînements) pour que l’élève puisse devenir compétiteur. Celui-ci se fera un devoir d’apprendre et de connaître les règles d’arbitrage afin de mieux respecter les décisions de l’arbitre1.

Tout gravite autour du judo, soirées judo, après-midi libre judo, week-end judo. Bref tous se retrouvent au sein de la famille judo, quelquefois aux dépens de la cellule familiale...

L’arbitre agira en fonction des autres et son apport reste grand et indispensable, car sans lui, pas de combats, de compétitions.

Le caractère de l’arbitrage trouve sa source dans un souci d’équité et de relations basées sur la “chance” pour chaque arbitre de judo à un moment donné d’être au sommet de la pyramide pendant le temps qu’il officie au centre.

Cette préoccupation constante de garder un équilibre judicieux pour créer une certaine démocratie entre les trois arbitres est tempérée du fait que les juges arbitres peuvent toujours remettre en question (s’ils sont d’accord) les décisions de l’arbitre central2.

Néanmoins, l’arbitre central doit disposer de l’autorité nécessaire pour maintenir la discipline, juger ou pénaliser, même si le cas échéant, il fait appel aux juges de coin. L’important est que les arbitres prennent l’habitude de travailler ensemble sur une base de confiance mutuelle et non pas sur la base traditionnelle de l’autorité. Ceci ne peut que procurer davantage de satisfaction pour tous.

Car sans arbitre en judo, le combat n’a plus de sens, de valeur. La majorité des arbitres ayant été combattants, sur le tatamis, ceux-ci vont s’efforcer de respecter les règles du jeu. Et entre l’arbitre et les compétiteurs un engagement moral est conclu de facto.

Les arbitres sont seuls juges des efforts consentis par les protagonistes . Le seul intérêt du ou des juges est de rendre un jugement équitable. Un mauvais arbitrage finit par induire chez les spectateurs un manque d’admiration et respect envers la sincérité prônée par le judo.

Néanmoins, quel que soit le jugement - même injuste - il a été dispensé et recommandé de ne pas protester publiquement les décisions des arbitres. Protestations mal venues surtout lorsque ceux qui protestent appartiennent au corps arbitral, sont des entraîneurs. Il arrive quelquefois q’un juge, un arbitre de judo fasse des erreurs, mais ne dit-on pas que l’erreur est humaine. Il ne faut pas perdre de vue que l’homme est tel qu’il est, c’est à dire avec ses qualités et ses défauts. Mais tout homme est perfectible. Et seul celui qui ne veut pas, n’apprend pas.

Grâce à des conditions communes (stages, regroupements...) à des règlements communs, le corps arbitral finit par être solidaire, par acquérir un caractère collectif. Les orientations données durant les séminaires ou autres, les stages en commun permettant de se familiariser avec les difficultés de l’arbitrage, les prises de responsabilité faciliteront une intégration totale au monde du judo.

L’écueil principal pour l’arbitre est d’appartenir en même temps à plu sieurs groupes. Il peut être à la fois père, entraîneur, dirigeant et arbitre, ce qui n’est pas fait pour lui faciliter la tâche.

Ses sentiments, ses émotions, son travail, son action mettent en contact des éléments souvent incompatibles qui sous-tendent des réactions négatives.

II n’en reste pas moins que chaque individu reste en règle générale directement conditionné par des regroupements répétés d’orientations collectives qu’intègrent en même temps que lui les membres de son groupe.

II arrive qu’un arbitre seul à force d’efforts et de volonté puisse atteindre un certain niveau, mais son affirmation seule ne suffit pas. « Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître ».

GESTES DES ARBITRES EN JUDO

arbitres judo


Mots courants des arbitres en judo:

Hadjimé: commencez!

Hantei: décision

Hiki-wake: match nul

Matte: arrêtez!

Osaekomi. immobilisation

Sono-mama: ne bougez pas!

Sore-made: fin du combat

Toketa: sortie immobilisation

Yoshi: continuez!

Sanctions:

Shido: faute légère (3 points à / ‘adversaire)

Chui: faute moyenne (5 points à l’adversaire)

Keikoku: faute grave, avertissement (7 points à l’adversaire,)

Hansoku-make: disqualification (10 points à l’adversaire)

Comme le dit si bien Platon: « L’ouvrage ne supporte pas que l’artisan lui consacre son loisir, mais requiert une occupation suivie ».

II faut se garder de croire que sa présence sur un tapis une fois par quinzaine ou par mois suffit à un arbitre pour atteindre les sommets. C’est par un travail continu, des recyclages, des remises en question, une écoute perpétuelle que l’on arrivera à s’affirmer.

Un arbitre du judo doit être ouvert et capable d’être réceptif à tout ce qui touche l’évolution du judo, dans le monde. Son esprit curieux, ses facultés d’adaptation, sa soif d’apprendre, sa disponibilité à se mettre au service de la collectivité constituent sa raison d’être. Le ressort de son effort est tendu par l’espoir de gravir peu à peu les marches qui lui permettront d’officier à l’échelon national voire international.

L’arbitre peut être comparé à un artiste (adepte d’un art) et seule sa conscience compte. Néanmoins on ne peut l’isoler du groupe d’arbitres auquel il appartient (majorité des 3).

Vis-à-vis des spectateurs on peut dire que les arbitres sont au second plan. La vision principale concerne surtout les compétiteurs. Mais de temps à autre surtout lors de compétitions internationales, il arrive que le public mette sur la sellette l’arbitre qui a omis un koka ou qui n’a pas comptabilisé une faute. Le rôle de l’arbitre est ingrat surtout lorsqu’un public déchaîné essaie de l’influencer. Il n’en reste pas moins que l’école à laquelle il a appartenu et appartient l’a formé pour juger en toute neutralité et lui a inculqué des principes dont très peu de sports peuvent se prévaloir. L’arbitre du judo est en quelque sorte celui qui a le plus de chances de détenir l’héritage spirituel et moral de cette discipline.

Par son attitude, ses capacités, sa modestie, la soif de se perfectionner, les relations de qualité qu’il a avec ses pairs sont un exemple évident et concret qui finira par se transmettre et rayonner d’abord au sein des clubs, départements, régions et pourquoi pas au niveau trans-national.

C’est ainsi que pour notre part nous avons été conquis et avons pris pour modèle des personnes expérimentées en matière de techniques. d’arbitrage et de science dans l’art qui nous préoccupe. Ces personnes ont un comportement directement proportionnel à leur curriculum vitae prestigieux. Leur modestie, leurs conseils, leur prédisposition à aider un membre de la grande famille judo – quel qu’il soit - pourvu que celui-ci veuille apprendre, laisse augurer pour nous un avenir fertile en enseignements, seul capable d’amener les hommes à mieux se comprendre, à mieux s’aimer et à construire un avenir meilleur et rempli de promesses pour notre jeunesse.

Pour ma part, j’estime que n’importe quel diplôme universitaire n’est pas à même d’égaler “l’esprit” judo. La pratique de cet art nous permet continuellement de nous remettre en question et de nous conforter, avec l’idée de nous rendre utile d’une manière désintéressée et agréable pour le bien être de tous.

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1Certains ont le beau rôle de contester toute décision prise par l’arbitre, par ignorance de la règle du jeu. ce qui crée inévitablement un climat de tension contraire à l’esprit judo...

2 Un bon arbitrage conforte la sérénité des deux protagonistes sur le tapis.