mercredi 1 juin 2011

Judo



Valeur èducative du judo
Cas particulier: la latéralisation de 6 à 9 ans
C’est une période décisive pour l’enfant de cet âge qui, avant de pouvoir éventuellement travailler aussi efficacement à droite qu’à gauche, doit d’abord renforcer son côté préférentiel de manière à savoir se repérer par rapport à l’axe médian de son corps.
Pour cela, 2 étapes:
1/ Connaître le côté dominant, celui qui engage, et le côté de soutien
Selon le docteur Azémar, la formule élémentaire de latéralisation individuelle “oeil, main. pied”. peut déterminer ce côté dominant à l’aide d’exercices physiques et de tests. Des recherches plus récentes prennent en compte la latéralité auditive.
Un exercice entre autres: en saut . le pied d’appel est le pied de soutien, l’autre sera donc directeur.
Le professeur pourra reconnaître les élèves qui ont:
- des latéralités fortes
- soit homogènes [D.D.D. - G.G.G.]
- soit croisées [D.G.D. - G.D.G.]
- des latéralités contrariées ou flottantes
- ils hésitent ou alternent [D. G.]
Reconnaissance faite, le formateur saura quels élèves il doit particulièrement aider lors des exercices de renforcement de la latéralité et d’orientation du corps dans l’espace.
2/ Affermir dans leur fonction respective, propre à chaque individu, la droite et la gauche.
Paul Vayer déclare à propos des mains: « Il est certain que malgré les apparences, l’ambidextrie est une mauvaise formule. L’habileté, l’adresse exigent une latéralité franche, gauche ou droite ». Il en est de même des pieds.
La méconnaissance de cette différence fonctionnelle mais non hiérarchisée pourrait amener à donner â l’enfant une éducation motrice entraînant les risques de troubles d’orientation, de langage, de caractère, d’adaptation au milieu,…
La reconnaissance droite-gauche, qui se fera surtout par rapport à la main directrice, ne se détermine fermement qu’entre 9 et 12 ans. (selon Azémar).
La pratique du judo a donc un rôle important à jouer dans le développement psycho-moteur de l’enfant et en particulier dans celui d’une latéralisation franche et affirmée.
L’engouement à la pratique du judo pour les enfants à partir de 6 ans dans notre pays reste très important, du fait que nombre de parents forment ce qui était un rêve (impossibilité de pratiquer cette discipline pour différentes raisons...) pour eux, en réalité pour leurs enfants.
Cette tranche d’âge nous interpelle sur le fait que l’enseignement de cette discipline non seulement doit être pris au sérieux, et ne peut être un moyen de remplissage des clubs, sans planification sérieuse, mais aussi parce que le judo (plus particulièrement) est une discipline qui permet d’aborder certains problèmes éducatifs généraux.
Cette évolution nous impose impérativement de réfléchir sur une démarche d’enseignement qui se veut active, attrayante, dynamique sollicitant en permanence les actions des deux protagonistes (UKE, celui qui subit l’action et TORI l’exécutant).
il est très simple, par une solution de facilité, de considérer ces jeunes judokas comme mini-adultes et de leur dispenser un mini-judo calqué sur celui des aînés. Le centre d’intérêt implique l’utilisation d’une pédagogie appropriée aux différents stades de compréhension de l’enfant.
L’apprentissage doit être plus attrayant et à même d’appliquer une technique qui n’est vraie que par rapport à l’opportunité qui l’a engendré. Cela ne doit pas être un apprentissage automatisé mettant en présence un partenaire mannequin toujours consentant (passif) et jamais agissant.
L’enseignement du judo aux enfants doit être spécifique. Il doit répondre aux caractéristiques psychologiques et biologiques de ces enfants.
Pour une meilleure compréhension de notre démarche, notre analyse doit être placée dans un contexte général.
Dans nos écoles, la grande majorité des enfants ne pratique pas d’activités physiques et sportives. Nous retrouvons ces enfants en hors temps scolaire dans des associations sportives, dans les salles de judo . Ils sont souvent tassés les uns sur les autres, laissés pour quelques heures d’une manière anarchique” pour se libérer du trop plein d’énergie qui les caractérise.
L’enseignant devant cette situation ne peut assurer qu’une garderie d’enfants, par conséquent se trouve confronté à un dilemme par rapport à sa vraie mission: garderie ou éducation?
Devant l’instabilité qui est fort connue à cet âge, le maître doit donner â son enseignement un caractère assez général, car l’enfant aime la diversité des activités. Partant de là. et quelle que soit l’adaptation pédagogique, nécessaire à cette tranche d’âge, les exercices qui sont proposés doivent, par la mise en jeu de grandes fonctions (respiratoire, circulatoire, neuro-motrice) conserver leur caractère d’activation fonctionnelle qui les situe dans le cadre d’une éducation physique généralisée.
Le judo étant bien sûr un sport de combat, il ne doit être en aucun cas dénaturé. L’intérêt essentiel au départ semble être la possibilité de permettre à l’enfant de se défouler , se rouler par terre, affronter son camarade en tenant le judogi - tenue de judo - ... par des mini- affrontements suivant des règles du eu bien établies.
Aussi, les objectifs de notre proposition sur l’action à mener envers les enfants de cet âge sont bien clairs. li ne faudrait pas systématiquement former un judoka très tôt afin qu’il soit meilleur plus tard; mais simplement EDUQUER les enfants de “6 à 12 ans” par un des moyens qu’est le judo. Ceci permettra à l’éducateur de jouer un rôle et une action complémentaires de ceux de la famille et de l’école.


JUDO





Le judo est d’abord une éducation,
une éducation corporelle. puisque l’on va apprendre à son corps à maîtriser l’équilibre, la coordination, la latéralisation avant d’entrer dans un parcours de formation physique.
Le judo est aussi une école de l’éducation du caractère par:
- l’habitude de l’effort volontaire
- le contrôle de soi, la suppression des inhibitions
De l’éducation mentale par:
- l’ouverture d’esprit
- la sincérité obligatoire envers soi-même
De l’éducation sociale par:
- par la libération des instincts primaires
- la transformation de l’agressivité en combativité
- la suppression de la méfiance amenant à l’idée de non violence
- la sincérité envers autrui, l’aide mutuelle
- la solidarité
- le respect de l’autre
Dans cette démarche le judo n’est pas une discipline choisie définitivement comme pratique sportive future, c’est une partie de l’éducation fondamentale.
Ainsi, il est normal qu’une fois ce cap des 12 ans passé, beaucoup d’enfants délaisseront le judo pour d’autres activités sportives. Néanmoins, certains d’entre eux, aux prédispositions particulières, deviendront des judokas très complets dans la mesure où ils auront résolu grâce à lui un bon nombre de conflits propres â leurs stades d’évolution.
EN CONCLUSION: POUR CETTE TRANCHE D’ÂGE, LE PROFESSEUR DE JUDO AURA UN RÔLE AVANT TOUT D’EDUCATEUR1.
Pour l’enfant, le judo est un jeu merveilleux qui lui permet de réaliser tin certain nombre de choses, que ne permettent plus les exigences de la vie moderne, où les espaces réservés aux jeux dans notre pays se font de plus en plus rares. A notre avis, il est impératif qu’à l’avenir des aires de jeux, des espaces adéquats soient pré\us pour la petite enfance afin de donner les conditions les plus favorables à un épanouissement de l’enfant.
Le jeu ne signifie pas anarchie, chahuts, etc..., mais un moyen sérieux pour faire acquérir à l’enfant de bonnes habitudes pour la pratique du judo pour laquelle l’enfant se prépare. Nonobstant le fait que l’enfant prépare par cette pratique son entrée dans la vie sociale et sa future place dans la société...
L ‘attitude au Dojo (salle d’entraînement)
Le judo étant un produit de la civilisation japonaise, il s’applique ou plutôt reproduit certaines valeurs traditionnelles usitées encore il y a une génération en france. Cela peut ressusciter d’une manière inconsciente le respect de la hiérarchie - aussi bien dans la cellule familiale que dans la vie sociale - de la discipline, de l’effort et du respect d’autrui...
Le gain des parents au suivi de l’évolution de l’enfant
L’idéal est que l’ambiance imposée par le maître aux séances d’entraînements puisse permettre aux parents désireux d’assister aux cours, de découvrir au fil du temps un comportement à même d’assurer à l’enfant des structures mentales régies et liées à la discipline pratiquée avec toutes les connotations que cela impose, à savoir le respect des normes de vie qui le préparent à être un citoyen responsable dans le futur.
L’expérience montre que très souvent, il y a un grand écart entre le comportement de l’enfant au sein de sa famille, de l’école et au dojo (salle d’entraînement). Puis après quelques années de pratiques. les habitudes. les réflexes, vont devenir des actes de la vie quotidienne.
Que peut apporter le judo aux mal latéralisés?
- Uchi-komi, yaku soku geiko, ... dans la mesure où l’éducateur demeure très attentif tout en laissant l’élève travailler du côté qu’il préfère, sont des exercices qui renforcent la latéralité modale et les coordinations œil pied, en faisant prendre conscience aux enfants présentant des troubles de la latéralité, les rôles différents des deux pieds.
- le travail de renforcement de la latéralisation manuelle, qui n’est pas abordé en judo, doit constituer un travail complémentaire et peut se faire à partir de jeux d’adresse et de manipulation mais avec le souci constant d’attirer l’attention des élèves sur le choix de leur main directrice, c’est à dire la plus habile.
L’acquisition, par la pratique du judo, d’une latéralisation ferme, droite ou gauche, est un moyen d’accéder au développement maximum des capacités physiques et mentales de l’enfant:
- dans le domaine moteur: les insuffisances de coordination motrice, les difficultés d’organisation de l’espace d’un enfant qui hésite toujours entre sa droite et sa gauche, se traduisent par un manque d’adresse et d’habileté.
La pratique du judo, en donnant aux 2 côtés du corps la place qui leur revient selon leur fonction et selon les individus, développe harmonieusement les aptitudes physiques de l’enfant.
- dans le domaine psychologique: en donnant à l’élève la possibilité de se mouvoir avec l’aisance qui lui manque, l’entraînement au Dojo peut le sécuriser, le valoriser dans ses activités quotidiennes et ainsi éviter ou réduire les troubles psychologiques éventuels liés à sa latéralité hésitante.
- dans le domaine social: l’attrait qu’il peut ressentir pour cet entraînement renforce sa motivation et favorise son intégration sociale.
L’France ayant une forte proportion de jeunes de moins de vingt ans, il est normal que les autorités se penchent plus particulièrement sur l’éducation fondamentale des jeunes. Le judo y participe grandement par les principes philosophiques enseignés et la part qu’il prend dans la construction” d’une société nouvelle2 saine et bien portante...

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1 D’où l’intérêt et l’importance à accorder à la formation de l’éducateur au sens
large du ternie,., car souvent l’éducateur pêche par manque de formation et de
maîtrise de l’action psychologique appliquée aux enfants de moins de 12 ans.
2 «C’est la société qui détermine l’image de l’homme dont elle a besoin».