jeudi 23 juin 2011

Le Balayage En Judo



Tous ceux qui ont pratiqué le judo savent ce que cela fait d’être projeté par un balayage. Le balayage sous ses différentes formes est un des fondements du judo. Cela est vrai depuis les débuts même du judo, à l’époque où celui-ci n’était encore qu’une “variété” de jiu-jitsu, qui tentait de s’imposer à ses rivaux surtout en les affrontant en compétitions. Compétitions que dominera largement le Kodokan, la nouvelle école de Jigoro KANO.

Un certain nombre de raisons sont à la base de ce succès. Jigoro Kano était tout d’abord suffisamment habile pour obtenir que les compétitions se déroulent selon les règles et sur un sol propre au Kodokan. Ceci ne lui apportait pas que l’avantage de se battre “en terrain connu”, mais bien d’autres tout aussi décisifs comme nous allons le voir ci-après.

Dès le début, les adversaires des autres écoles de jiu-jitsu furent bien conscients de l’extrême habilité des combattants du Kodokan dans l’art des balayages. Cependant, les comptes-rendus quand ils existent sont très sommaires et parlent seulement de “ASHI-BARAI”.

Ce n’est que plus tard qu’une terminologie beaucoup plus précise fit son apparition avec De-ashi-barai, okuri-ashi-barai, harai-tsurikomi-ashi.

De fait, on reprochait même au Kodokan de ne pas utiliser de grandes techniques, comme les projections d’épaule et les projections de hanches. Ce qui n’est pas tout à fait exact puisque Shiro SAIGO projeta NAKAMURA avec “Yama-arashi” comme nous le compte l’histoire.

Il y a beaucoup de raisons de croire que les balayages ont été développés par le Kodokan. Cependant, ils doivent quand même avoir existé avant, sous une forme ou sous une autre, car balayer semble bien être une réponse instinctive et efficace en combat.


Balayage Judo

Un balayage, d’après un livre japonais de jiu-jitsu


Il est pratiquement certain que l’école de jiu-jitsu “Tozuka” a utilisé les balayages. On ne trouve cependant pas trace de balayages dans les autres méthodes de combat, que ce soit en lutte libre ou gréco-romaine pour l’occident, ou dans les arts-martiaux, ou même le sumo pour l’extrême-orient.

Mais il apparait clairement que ce sont les conditions spécifiques de la pratique du Judo-Kodokan qui ont favorisé le développement des balayages. Les nécessités du champ de bataille, ou de la défense personnelle ont engendré les techniques de Jiu-jitsu. Le sumo et les autres méthodes de lutte opposant des combattants presque sans vêtements ont créé leurs propres techniques.

Quant aux balayages, ils ont pu naître parce que deux éléments indispensables existaient : un sol ferme et lisse et des adversaires portant des vêtements. En effet, un sol inégal, ou un adversaire qui ne porte pas de veste, sont deux choses incompatibles avec les balayages. On pourra cependant réussir des balayages spectaculaires sur ceux qui ne savent se servir que de leurs poings ou de leurs pieds pour se battre.

Une des grandes innovations de Jigoro KANO a été de faire pratiquer l’entraînement à l’intérieur et sur des tatami de paille traditionnels. Cette utilisation des tatami avait pour but d’éviter les accidents et cela permettait alors de présenter lejudo comme un moyen d’éducation. Rappelons qu’à la fin du 19e siècle le jiu-jitsu n’avait pas très bonne réputation au Japon. Les tatami amortissaient donc les chocs tout en offrant une surface de travail lisse et plane favorisant les balayages. Tous ceux qui ont eu la chance de marcher sur des tatami savent qu’il y a une différence en fonction du sens de déplacement. En effet, si on glisse la main ou le pied, bien à plat, perpendiculairement à la trame, cela semble rugueux. Mais si l’on fait de même dans le sens de la trame, cela glisse merveilleusement bien. Cela est si vrai que dans les débuts du judo, les spécialistes des balayages manoeuvraient habilement leurs adversaires pour les balayer dans le sens de la trame. Ce qu’ils pouvaient alors faire sans effort et de façon spectaculaire.

Mais il y a aussi d’autres raisons qui ont amené les techniques de balayage au sommet de l’art. C’est d’une part la veste à manches longues. La plupart des écoles de jiu-jitsu n’utilisaient que des vestes à manches courtes, n’allant pas plus bas que le coude. Et il n’est pas facile de balayer un adversaire expérimenté, si on ne contrôle pas au moins un de ses avant-bras. De plus si on évolue sur un sol rugueux la tâche est impossible.

C’est d’autre part, la méthode d’entraînement du Kodokan, qui était totalement différente des autres écoles de jiu-jitsu.

En effet, dans ces dernières, on s’entraînait sous forme de kata, pour éviter les accidents, car les techniques étaient dangereuses. Une pratique aussi statique ne pouvait pas donner naissance aux balayages. On remarquera que même, dans le Nage-no-Kata, Okuri-ashi-barai est démontré sur un grand déplacement vers l’extérieur.

Or, Jigoro Kano donnait naissance aux balayages en reprenant dans sa méthode le Randori de l’école de “Kito’, qui permettait aux judoka de se déplacer et d’attaquer librement. Dans les premiers temps du judo les pratiquants apprenaient à balayer dans différentes directions, en changeant à chaque fois un peu leur façon d’attaquer, afin d’être le plus efficace possible. C’est là l’origine des Harai-tsuri-komi-ashi, Deashi-barai etc...source....