1. Introduction
L’amélioration rapide des performances et des records
sportifs dans toutes les disciplines est devenue possible grâce au
perfectionnement des méthodes d’entraînement, de la planification de
l’entraînement et des moyens de récupération. L’entraînement physique soumet
l’organisme à une succession de charges de travail, d’intensité et de fréquence
suffisantes pour déterminer un effet mesurable, c’est-à-dire une amélioration
des possibilités fonctionnelles du sujet. Durant ces deux dernières décennies,
en effet, le volume d’entraînement a augmenté, pour les athlètes d’élite,
d’environ 30% dans toutes les disciplines sportives. La fréquence des
entraînements atteint parfois 12 séances par semaine, totalisant un volume
horaire annuel de plus de 1000 heures.
1.A. Spécificité De L’entraînement
Pour permettre l’amélioration de la performance d’un
athlète, l’entraîneur doit déterminer les qualités spécifiques à améliorer. La
spécificité de l’entraînement prend de plus en plus d’importance.
L’augmentation de la fréquence et de l’intensité des entraînements ayant des
limites. une préparation qualitative s’impose pour continuer
à améliorer la performance du
sportif. Chaque programme d’entraînement consacre un volume
important au développement des qualités sollicitées par la discipline sportive
pratiquée. Ce perfectionnement se
base. entre autres, sur une analyse biomécanique fine du
geste sportif ; à titre d’exemple un
sprinter dans son entraînement travaillera particulièrement
sa qualité vitesse mais également sa vitesse de réaction, la force explosive des
membres inférieurs et la technique de la foulée. tout programme d’entraînement
doit refléter le but recherché ; plus l’entraînement est ciblé
(spécifique), tenant compte des exigences de la compétition,
meilleurs seront les résultats (Books et al 1984).
1.B Principes De La Surcharge Et De L’individualisation
Pour maintenir l’efficacité de la préparation physique chez
un athlète, il est nécessaire d’augmenter la charge imposée u et à mesure de
l’amélioration de sa performance cette nécessité fut mise en évidence dés 3l
par Christensen, à propos de l’influence de l’entraînement sur la fréquence
cardiaque. Tel qu’il est spécifié par Astrand et Rodahl(1980) “l’entraînement à
une puissance donnée détermine un certain niveau d’adaptation. et pour obtenir
une nouvelle amélioration, il est nécessaire d’augmenter l’intensité de
l’entraînement”. L’intensité détermine, en effet, avec la fréquence et la durée
de l’entraînement le principe de la surcharge progressive elle en est devenue
l’élément le plus important car le volume d’entraînement, chez le sportif
d’élite, a atteint des proportions difficiles à dépasser.
La réponse de l’organisme à cette surcharge revêt un
caractère individuel. Un régime d’entraînement imposé à un collectif d’athlètes
peut ne pas s’accompagner des mêmes bénéfices pour tous c’est le principe de
l’individualisation de l’entraînement.
1.C Principe De L’évaluation
En raison (le cette augmentation importante du volume et de
l’intensité de l’entraînement, l’intérêt d’un contrôle médico-sportif régulier
et individuel s’avère très important à la fois pour préserver la santé du
sportif et pour évaluer la réponse de son organisme à la charge imposée. Une
planification rigoureuse de la préparation, comportant un programme détaillé
des séances d’entraînement, un programme de récupération, et une programmation
des contrôles et évaluations est devenue de nos jours une nécessité impérieuse
pour atteindre un haut niveau de performance.
2. Structure D’un Programme D’entrainement
Le programme d’entraînement sportif repose sur une
succession de charges physiques auxquelles l’athlète est soumis ; cette
préparation s’effectue sur la base de qualités requises pour une discipline
donnée, Un programme d’entraînement pour un sportif ou une équipe de sportifs
est structuré de telle façon à développer certaines qualités en fonction des
objectifs fixés. La performance sportive, quant à elle, repose sur un certain
nombre de critères dont l’importance varie en fonction du sport pratiqué.
2.A. Aspects De La Performance
L’esprit de compétition dominant de nos jours la pratique
sportive, l’étude des aspects de la performance devient utile pour une
meilleure compréhension et prise en charge de la préparation de l’athlète à
cette compétition.
L’analyse de la performance sportive permet de mettre en
évidence des qualités requises pour la pratique de la discipline choisie.
L’évaluation de ces qualités permet le pronostic des résultats sportifs ainsi
que le suivi de l’efficacité d’un programme d’entraînement donné. Tel qu’il est
dit par Matveiev (1983) “ les performances sportives sont à la fois les
indicateurs de la qualité de travail fourni par l’athlète et la mesure de son
succès “. La performance sportive est le résultat de l’interaction d’un certain
nombre de paramètres (image 1). La plupart des auteurs reconnaissent
quatre grands groupes de critères pour la performance, tels que :
Image 1: Critères de performance |
On retrouve sur la image 1. une interaction des différents
critères pour la réalisation de
la performance sportive. Chacun de ces critères pris séparément
ne permet pas la réalisation d’une bonne performance sportive, même s‘il est maximal.
Une complémentarité de ces différents facteurs est une condition nécessaire
pour l’obtention de bons résultats sportifs. Il faut rappeler que si ces
critères sont nécessaires, ils sont parfois insuffisants surtout à un niveau élevé
de pratique sportive En effet. à ce niveau de performance d’autres facteurs
peuvent conditionner le résultat en compétition ce sont notamment les facteurs
liés aux conditions de vie du sportif. à la stabilité familiale, à
l’environnement etc...
- le talent qui se définit comme la capacité d’apprentissage
rapide et d’exécution optimale d’un geste sportif cette qualité peut être
assimilée à ce que nous avons appelé l’habileté dans la définition des qualités
physiques. Le talent est généralement une qualité innée que le sujet
peut perfectionner par l’entraînement,
- le critère physique qui regroupe le développement physique
et les capacités fonctionnelles
du sujet.
- le critère tactique qui permet à un sportif ou à une
équipe de sportifs d’adopter une situation efficace en compétition,
- le critère psychologique et notamment la motivation qui
peut être déterminante en compétition car elle permet à l’athlète d’exploiter
au maximum ses possibilités.
2.B. Structure D’un Plan Annuel D’entraînement
Nous avons choisi de présenter à titre d’exemple la
structure d’un cycle annuel d’entraînement afin de mieux saisir l’opportunité
et les buts de l’évaluation, celle-ci varie en fonction de la phase de
préparation du cycle et des objectifs fixés. Classiquement le plan annuel
d’entraînement est structuré en trois grandes périodes : une période
préparatoire. une période compétitive et une période transitoire.
1) La période préparatoire
La période préparatoire dure en générale de cinq à sept mois
; elle comprend deux phases de préparation d’une durée approximativement égale
: la phase de préparation générale (PPG) et la phase de préparation
spéciale (PPS).
La PPG est une étape axée surtout sur le
développement des qualités physiques générales de l’athlète : celui-ci
effectuera durant cette phase des exercices destinés à améliorer l’endurance.
la force, la souplesse. l’habileté etc...
Comme son nom l’indique, la PPS est orientée vers le perfectionnement des qualités spécifiques telles que la vitesse, la force
vitesse, la force endurance etc... Durant cette étape, l’entraîneur programme
le perfectionnement de la technique du mouvement et de la tactique de jeu. De
part le travail spécifique effectué, la PPS prépare donc l’athlète à la
compétition.
La période préparatoire du cycle annuel d’entraînement est
caractérisée par une augmentation progressive et simultanée du volume et de
l’intensité de la charge de travail (image2).
2) Période compétitive
La période compétitive dure de trois à cinq mois ; elle est
orientée vers un développement spécifique. les entraînements s’effectuant dans
les conditions de la compétition. Au cours de cette phase on tend à atteindre
et à maintenir “la forme sportive” jusqu’à la compétition principale.
L’entraîneur prévoit des compétitions de préparation afin de mettre le (s)
sportif (s) dans les conditions réelles de la compétition. Une importance
particulière est accordée à la préparation tactique et à la préparation
psychologique. La période compétitive est caractérisée par une augmentation
importante de l’intensité du travail alors que le volume tend à diminuer.
1 à 12 : Mois de lannée
............ : volume de travail
--------- : intensité
_____ : tension nerveuse
~
V : compétition principale
Sur l’image 2. sont présentées les courbes exprimant
l’évolution du volume et de l’intensité du travail, ainsi que celle de la
tension nerveuse, pendant les différentes phases du cycle annuel
d’entraînement. L’évolution du volume et de l’intensité de la charge est
simultanée pendant la première période, l’élévation de l’intensité devient
prépondérante dans la période compétitive. L’allure de la courbe de la tension
nerveuse est pratiquement similaire à celle de l’intensité de la charge, pour atteindre
son niveau maximum au moment de la compétition principale.
3) Période transitoire
Cette période programmée après la compétition principale est
destinée à la récupération aussi bien physique que psychique. Elle dure environ
un mois au cours duquel peut être prévu un repos total de huit à dix jours.
Durant cette phase, la récupération active fait appel à des exercices de
préparation générale, d’intensité modérée, et à la pratique d’une activité
sportive accessoire, comme par exemple le hand-ball, le basket-ball ou le
volley-ball pour un footballeur. La période transitoire qui se caractérise par
une diminution simultanée du volume et de l’intensité du travail, le premier
restant néanmoins prépondérant, servira également à la préparation du cycle annuel
suivant.
4) Conclusion
Le cycle annuel de préparation est généralement basé sur les
mêmes principes pour toutes les familles de sport, avec quelques variations
concernant la durée de chacune des étapes de la préparation. Actuellement
beaucoup d’entraîneurs adoptent une autre forme de cycle annuel dans laquelle
ils suppriment la période transitoire qui ralentirait la préparation dans le
cycle suivant. Dans ce nouveau modèle de préparation, ces techniciens prévoient
une augmentation alternative et simultanée de l’intensité et du volume de
travail durant tout le cycle. La planification des différents contrôles
médico-sportifs sera adaptée au modèle choisi du cycle d’entraînement et à
l’étape de préparation programmée.
3. Qualités Physiques
L’activité sportive se basant sur un certain nombre de
qualités physiques. la connaissance de ces dernières constitue un préalable
important pour une bonne préparation de l’athlète. Aussi une définition de ces
qualités permet de mieux saisir l’importance de leur perfectionnement et de
leur évaluation pour la réalisation d’une meilleure performance dans la
discipline choisie. Les moyens et méthodes de leurs mesures sont traités dans
les partes suivants.
3.A Endurance
L’endurance est définie comme la capacité de réaliser un
effort d’intensité donnée pendant une longue durée, sans diminution de
l’efficacité. Pour certains auteurs,elle correspond tout simplement à la
capacité de résister à la fatigue, on peut dans ce cas parler d’endurance
aérobie et d’endurance anaérobie ..L’ endurance peut être lice i d’autres
qualités physiques pour déterminer de nouvelles composantes telles que :
- l’endurance vitesse qui se définit par le temps de
réalisation d’un exercice à vitesse maximale
- l’endurance force qui est déterminée par le nombre de
répétitions d’un exercice à un certain pourcentage de la force maximale.
3.B Vitesse
La vitesse d’un sujet est définie par son aptitude à
réaliser un travail en un temps minimal on peut distinguer deux variantes de la
vitesse
- la vitesse cyclique qui augmente avec le temps jusqu’à un
certain point c’est le cas par exemple de la course en sprint, de la natation
sur 25 m, du cyclisme sur piste etc... La vitesse
cyclique est liée à différents facteurs qui peuvent influer
sur sa progression ; ce sont notamment la force explosive des membres
inférieurs, la technique du mouvement et le facteur psychologique (motivation).
- la vitesse de réaction (réflexe) qui comprend la vitesse
de réaction simple liée à la connaissance d’un signal et de la réponse (cas du
sprinter qui démarre au “start”) ainsi que la vitesse de réaction complexe qui
peut se présenter sous deux aspects : la vitesse de réaction face à un objet
connu (attitude d’un gardien de but de football face à un “corner”) et la
vitesse de réaction au choix (attitude d’un gardien de but de football face à
un “penalty”).
3.C Force
La force musculaire est déterminée par la tension qu’un muscle
ou groupe de muscles peut opposer à une résistance en un seul effort. Elle peut
également correspondre à l’aptitude du sujet à déplacer son corps ou une partie
de son corps contre une résistance.
En fonction de la discipline sportive pratiquée, la force
peut se manifester sous différentes
formes telles que :
- la force explosive qui correspond à la capacité
d’obtention de la force maximale en un
temps minimal lors d’un mouvement spécifique,
- la force vitesse qui est déterminée par la rapidité
d’exécution d’un mouvement à force
maximale.
- la force endurance qui est déterminée par la durée d’un
exercice répété à force maximale.
3.D Souplesse
La souplesse ou flexibilité est définie comme l’aptitude à
réaliser un mouvement avec une grande amplitude. On ne peut pas parler de
souplesse générale d’un sujet comme on parle d’endurance générale par exemple,
car la flexibilité est liée à l’articulation. On peut distinguer deux variantes
de la souplesse :
- la souplesse active qui est déterminée par l’amplitude
d’un mouvement exécuté par le sujet lui-même,
- la souplesse passive où le sujet est aidé par une autre personne
ou un matériel quelconque.
En milieu sportif, on préfère distinguer la souplesse
statique de la souplesse dynamique la première correspond à l’amplitude d’un
exercice réalisé en position statique la souplesse dynamique est déterminée par
l’angle articulaire formé au cours d’un exercice effectué par un sujet en
mouvement.
Il faut rappeler que la flexibilité est affectée par le
développement de la force musculaire si bien, par exemple, qu’au niveau de
l’épaule la souplesse d’un athlète est moindre que celle du sédentaire. De ce
fait, il est conseillé d’associer à tout travail de force des exercices de
souplesse et de penser à évaluer la flexibilité lors d’un entraînement de force
lorsque cette qualité participe à la performance.
3.E Habileté
L’habileté est la qualité qui permet une utilisation
efficace et optimale de toutes les potentialités de l’athlète elle est
caractérisée par :
- l’aptitude d’apprentissage rapide d’un mouvement sportif,
- l’aptitude à prendre une décision rapide lors d’une situation
de compétition,
- l’aptitude à optimaliser une dépense énergétique.
- la capacité de répétition d’un exercice de précision.
L’habileté peut correspondre à ce que certains auteurs
appellent talent, intelligence de jeu, créativité ou adresse
Cette qualité est souvent classée comme principale en raison
de l’efficacité et de l’économie
dont elle fiat bénéficier l’athlète à l’entraînement ou en
compétition.
4. Analyse Du Geste Sportif Par Spécialité
L’activité sportive est caractérisée par une série de gestes
sportifs dont les caractéristiques sont liées à la discipline pratiquée. La
spécificité du geste participe à l’efficacité du mouvement. Le geste sportif
est caractérisé par sa technique de réalisation, la force et l’amplitude
manifestées.
L’analyse du geste sportif peut mieux se concevoir à partir
de l’analyse des caractéristiques des différentes spécialités sportives ; de ce
fait nous proposons la classification des sports établie en 1984 par Fomin et
al (cités par Tchepik, 1986). Ces derniers ont regroupé les disciplines
sportives en trois grandes familles : la famille des sports cycliques, la
famille des sports acycliques et la famille des sports d’opposition.
4.A Classification Des Disciplines Sportives (Image 3)
1) Groupe des sports cycliques
La répartition des sports dans ce groupe s’est faite sur la
base de la puissance relative exigée par l’activité physique. La délimitation
des zônes de puissance s’est appuyée sur les données des records mondiaux de
course, déterminant des points de chute de la vitesse en fonction du temps
(Matveiev, 1983). C’est ainsi que quatre zônes de puissance relative ont été
dégagées (image 4).
- la zône de puissance maximale correspondant aux courses de
moins de 200 mètres,
- la zône de puissance submaximale qui correspond aux
courses de 200 mètres à 1500 mètres,
- la zône de puissance élevée qui correspond aux courses de 1500 mètres à 10.000 mètres,
- la zône de puissance modérée qui correspond aux courses de
plus de 10.000 mètres.
2) Groupe des sports acycliques
La classification des disciplines dans ce groupe s’est faite
sur la base des qualités motrices de l’athlète. Les qualités physiques
manifestées et la spécificité des gestes réalisés sont les critères retenus par
les auteurs pour la détermination des sous-groupes de la famille des sports
acycliques.
3) Groupe des sports d’opposition
La classification dans ce groupe tient compte du caractère
adversité que l’on retrouve au niveau de toutes les disciplines sportives ;
c’est ainsi que les sports. qu’ils soient individuels ou collectifs, sont
classés en fonction du type de contact existant entre les adversaires.
Image 3 Classification des disciplines sportives complétée ( d'après Fomin V..Pétrochin V.. et V. Tchepik.1984) |
image 4 Long distance |
Vitesse maximale en fonction de la distance de course. Échelle logarithmique des distance (courbe élaborée à partir des records mondiaux de cours à pied)
4) Critiques
On remarque que dans l’ensemble, cette classification s’est
basée sur la structure même de l’activité sportive. L’avantage de ce modèle de
classification est qu’il présente une relative simplicité d’utilisation par le
nombre restreint de groupes constitués (trois). De même, les critères physiques
et énergétiques retenus pour les sports acycliques et cycliques permettent
d’adapter des tests dont le but est l’évaluation de ces qualités. Le principal
inconvénient de cette classification est l’absence d’uniformité concernant les
critères de regroupement des familles sportives. En effet, cette classification
qui permet l’adaptation de tests d’évaluation pour les sports cycliques et
acycliques, ne le permet plus pour les sports d’opposition en raison de
l’absence de critère mesurable. En étudiant de près l’activité de chacun des
sports d’opposition, il ressort tout de même un point commun. En effet, toutes
les disciplines classées dans ce groupe sont caractérisées par une succession
d’efforts récupérations. Ceci représente alors un avantage pour l’évaluation en
ce sens que l’on peut en ressortir des qualités mesurables. Le second
inconvénient de cette classification est cette délimitation des zones entre
différents ports qui s’est faite à partir d’une seule discipline (la course à
pied). L’intégration d’autres activités sportives dans ces zônes devient ainsi
difficile. Un autre inconvénient relevé dans cette classification est l’absence
de certaines disciplines sportives compétitives telles que le karaté, les
sports mécaniques, la plongée sous-marine, les sports équestres, le tir etc...
(l’image3 a été complétée par nos soins).
4.C Classification Des Qualités Physiques Par
Disciplines (Tab 1)
Les qualités physiques permettent à l’athlète d’effectuer un
mouvement ou un ensemble de mouvements lors d’un travail physique. Une
réalisation efficace d’un geste sportif demande le perfectionnement des qualités
physiques impliquées. Une classification de ces qualités, par ordre
d’importance dans une discipline permet, non seulement de maîtriser les
éléments à développer pour leur perfectionnement dans le sport pratiqué, mais
également de cerner les paramètres à mesurer pour l’analyse des capacités
spécifiques de l’athlète. Si nous prenons comme exemple la lutte et le judo,
nous remarquerons que les trois qualités premières rete
nues sont la force vitesse, l’habileté et la force endurance
; cette hiérarchie est dictée par l’analyse du geste sportif effectué par
l’athlète. En effet, une prise de judo ou de lutte demande la force vitesse
pour la mise au sol de l’adversaire et la rapidité d’exécution du geste pour le
surprendre, l’habileté pour le choix du moment opportun et du type de prise à
effectuer et enfin l’endurance spécifique pour la répétition des gestes
d’attaque et de défense.
Si la majorité des auteurs admettent que chaque discipline sportive
requiert des qualités physiques bien définies, la hiérarchisation de ces
qualités par contre varie suivant les auteurs. De plus dans cette
classification, plusieurs disciplines sportives peuvent avoir la ou les mêmes qualités
physiques premières, bien qu’elles ne figurent pas toujours dans le même groupe
par exemple le cyclisme sur piste (sport cyclique) et le hand-ball (sport
d’opposition) ont
comme qualités principales la force -vitesse et la vitesse ;
ceci ne signifie évidemment pas qu’un bon cycliste puisse être un bon handballeur.
Par conséquent, il faut préciser que la hiérarchisation des qualités physiques
n’a de valeur qu’au sein de la spécialité considérée. Ces
qualités physiques serviront au perfectionnement du sportif
dans la discipline pratiquée, l’orientation vers cette dernière ayant été faite
sur la base de critères différents tels que la technique, le morphotype, le
désir etc...
Certains sports font appel à des qualités reconnues mais
face auxquelles l’entraîneur et le scientifique rencontrent des difficultés
pour leur amélioration et leur évaluation ; ce sont
notamment les réflexes composés et la capacité de relâchement.
Pour les premiers, bien que la mesure soit difficile à effectuer, le
perfectionnement peut se concevoir par des exercices
répétitifs. Par contre, la capacité de relâchement musculaire
est liée à la stabilité psychique de l’athlète.
Tableau 1 classification par ordre d’importance des qualités
physiques en fonction des disciplines sportives
____________________________________________________________________
Disciplines sportives Qualités
physiques
____________________________________________________________________
-endurance
- force
vitesse
AVIRON -habileté
- souplesse
- capacité de
relâchement
------------------------------------------------------------------------------------------------------
- vitesse
- endurance
- force
explosive
Basket-ball -
force vitesse
- habileté
- réflexes composes
- capacité de
relâchement
------------------------------------------------------------------------------------------------------
- forces
vitesse
- force
endurance
B O X E -
habileté
- réflexes
composes
- capacité de
relâchement
avec concentration
------------------------------------------------------------------------------------------------------
- force
explosive
COU RSE 100 m -
force vitesse
- vitesse
------------------------------------------------------------------------------------------------------
- force
vitesse
COURSE 200 m -
vitesse
- force
explosive
- endurance
vitesse
------------------------------------------------------------------------------------------------------
- endurance
vitesse
COURSE 400 et 800m -
endurance vitesse
-
vitesse
------------------------------------------------------------------------------------------------------
COURSE 1500 et 3000 m - force vitesse
- vitesse
- capacité de
relâchement
------------------------------------------------------------------------------------------------------
FONID et MARATHON -
endurance
- capacité de
relâchement
------------------------------------------------------------------------------------------------------
- force
vitesse
CYCLISME -
vitesse
SUR PISTE -
endurance vitesse
------------------------------------------------------------------------------------------------------
- endurance
CYCLISME -
force vitesse
SUR ROUTE -
capacité de relâchement
------------------------------------------------------------------------------------------------------
- vitesse
- force explosive
- force
vitesse
DECATHLON -
endurance
- habileté
- souplesse
- capacité de
relâchement
------------------------------------------------------------------------------------------------------
- habileté
- endurance
FOOT-BALI. -
force vitesse
- vitesse
- réflexes
composés
- souplesse
------------------------------------------------------------------------------------------------------
- souplesse
GYMNASTIQUE -
habileté
- force
explosive
- capacité de
relâchement
------------------------------------------------------------------------------------------------------
- force
absolue
- force
relative
HALTEROPHILIE -
force explosive
- force
endurance
- habileté
- souplesse
------------------------------------------------------------------------------------------------------
- force
vitesse
- vitesse
HAND-BALL
- réflexes composés
- habileté
- endurance
- souplesse
------------------------------------------------------------------------------------------------------
- force
vitesse
- habileté
- vitesse
JUDO -
force endurance
LUTTE -
réflexes composés
- capacité de
relâchement
avec
concentration
- souplesse
------------------------------------------------------------------------------------------------------
- marteau -
force absolue
LANCERS - poids -
habileté
- disque et -
souplesse
javelot
------------------------------------------------------------------------------------------------------
25 et 50m -
force vitesse
NATATION -
souplesse
- vitesse
100 à 400m -
force endurance
------------------------------------------------------------------------------------------------------
- endurance
NATATION SUR -
force vitesse
LONGUE DISTANCE -
souplesse
- capacité de
relâchement
------------------------------------------------------------------------------------------------------
- force
explosive
SAUT -
habileté
EN HAUTEUR -
souplesse
- capacité de
relâchement
------------------------------------------------------------------------------------------------------
- vitesse
SAUT -
force explosive
EN LONGUEUR -
souplesse
- capacité de
relâchement
------------------------------------------------------------------------------------------------------
- vitesse
TRIPLE SAUT -
force explosive
- capacité de
relâchement
------------------------------------------------------------------------------------------------------
- endurance
TE N N I S -
capacité de relâchement
- réflexes
composés
- habileté
( d’après Tchepik. 1986)
On retrouve a gauche du tableau 1. les disciplines sportives
classées par ordre alphabétique et à droite les qualités sollicitées. classées
par ordre d’importance pour chacune des disciplines.
Pour certaines disciplines cette dernière qualité est très
importante car elle permet d’éloigner le seuil de la fatigue ; des activités
sportives telles que la boxe ou le tennis requièrent de l’athlète une capacité
de relâchement avec maintien de la vigilance et du pouvoir de concentration
afin de retarder l’apparition de la fatigue musculaire tout en permettant au
sujet de rester attentif et de ne pas se laisser surprendre par l’adversaire.
5. Place Du Contrôle Médico-sportif Dans La Préparation De L’athlète
La détermination des différentes qualités physiques
sollicitées par les disciplines sportives permet aux entraîneurs une
préparation qualitative des athlètes, et aux scientifiques du sport, la mesure
de leurs évolutions. Ainsi, le contrôle médico-sportif et la préparation de
l’athlète font partie d’un même plan élaboré en fonction des objectifs
compétitifs fixés.
5.A Aspects Méthodologiques Du Contrôle Médico-Sportif
Une planification rigoureuse et rationnelle de
l’entraînement, un contrôle médico-sportif régulier et adapté à chacune des
différentes phases de préparation, sont de nos j ours nécessaires pour la
réalisation de bons résultats en compétitions.
L’exercice constituant la base de l’entraînement sportif,
l’amélioration de la capacité de travail de l’athlète passe, par conséquent par
une augmentation progressive de la charge physique. Celle-ci s’accompagnant de
modifications certaines au niveau de l’organisme, le CMS a pour objectifs :
- de prévenir les répercussions négatives d’une grande
charge sur la santé du sportif,
- de suivre l’évolution de sa performance,
- de contrôler l’efficacité du programme d’entraînement.
La planification du CMS varie en fonction de la structure de
l’entraînement sportif ; si nous gardons l’exemple du cycle annuel de
préparation, l’entraîneur, en collaboration avec les scientifiques du sport,
établit un programme de travail regroupant les éléments suivants :
- le calendrier des compétitions officielles,
- les objectifs de la préparation pour les différentes
étapes du cycle annuel,
- le planning des stages pratiques,
- le calendrier des compétitions de préparation,
- les moyens et méthodes d’entraînement,
- la cinétique de la charge d’entraînement,
- les dates de contrôles en laboratoire,
- les dates de contrôles sur le terrain.
L’évaluation de la capacité physique de l’athlète est
échelonnée sur l’ensemble du cycle annuel, appréciant l’évolution des qualités
développées par période donnée. Les contrôles médico-sportifs seront adaptés à
la structure du plan d’entraînement ; ils permettront de mesurer les progrès
réalisés au cours de chacune des périodes du cycle, et de recenser les
éventuelles incidences négatives de la charge physique imposée (surentraînement,
blessures etc...).
5.B Planification Du Contrôle Médico-Sportif (Image 5)
Comme il u été déjà souligné, la planification du CMS entre
dans le cadre de la planification de l’entraînement, le contrôle médico-sportif
servira à la préservation de l’intégrité de l’organisme du sujet et à
l’évaluation des progrès réalisés par rapport à la charge de travail imposée.
D’une manière générale. on distingue deux types de CMS :
I examen approfondi programmé au début du cycle annuel et à
la fin de la période compétitive. il vise l’analyse de l’état physique général
du sujet.
les examens partiels ou contrôles continus effectués
plusieurs fois au cours du cycle ce; type d’examen recherche l’évaluation de
qualités physiques bien déterminées.
1. Contrôle Approfondi
Le contrôle approfondi est programme au début et à la fin du
cycle de préparation effective correspondant au début de la période
préparatoire et à la fin de la période compétitive
D’un plan annuel d’entraînement. Ce type de contrôle
regroupe plusieurs éléments d’analyse
Comme :
- l’évaluation de l’état de santé général du sportif à la
recherche d’une pathologie quelconque et prenant en compte les antécédents médicochirurgicaux
de l’intéressé et de sa famille,
- l’examen biologique et notamment les paramètres
hématologiques, la biochimie du sang et des urines et éventuellement la
microbiologie.
- l’examen échographique et radiologique permettant
notamment la mesure du volume cardiaque et l’analyse du squelette (rachis dorsolombaire).
- l’examen anthropométrique destiné à analyser le
développement physique avec, entre autres, l’évaluation de la masse maigre et
de la masse grasse.
- la mesure des appareils cardio-vasculaire et respiratoire
au repos avec notamment l’étude de la fréquence cardiaque, de la tension
artérielle, du tracé électro-cardiographique. de la capacité respiratoire.
-l’étude des capacités fonctionnelles de l’athlète avec la
réalisation d’une épreuve maximale destinée à évaluer la capacité maximale
aérobie du sujet (V02 max) ou d’une épreuve sous maximale.
L’analyse des capacités fonctionnelles de l’athlète peut
également comporter une épreuve anaérobie dans le cadre de l’évaluation
spécifique cette épreuve est réalisée à partir de différents exercices (Nous allons
parler plus tard).
Le contrôle approfondi, qui nécessite l’utilisation d’un
laboratoire spécialisé doit être réalisé en deux jours au minimum afin d’éviter
la fatigue qui pourrait biaiser les résultats de l’un des tests programmés.
Les données du contrôle approfondi sont mentionnées sur un
dossier spécialement élaboré.
2. Contrôles Partiels
Ces contrôles sont orientés en fonction de la préparation
effectuée par l’athlète, ils se limitent donc à n’évaluer que les paramètres
concernés par une phase d’entraînement donnée.
Sur l’image 5 sont présentés les différents contrôles
échelonnés sur l’ensemble du cycle annuel d’entraînement. Le contrôle
approfondi est programmé au début du cycle et à la fin de la période
compétitive. Les contrôles partiels sont programmés à la fin de chacune des
phases de la période préparatoire et à tous les mois de la période compétitive,
leurs contenus varient avec les objectifs de la période concernée.
1 à 12 : mois de l'année
_____ : volume de travail
--------- : intensité
A,B : épreuves de contrôle approfondi et partiel
Le premier contrôle (A) est programmé à la fin de la phase
de préparation générale, correspondant à la première étape de la période
préparatoire du cycle annuel. Les éléments analysés figurant également dans
l’examen approfondi du début du cycle, ce contrôle permet une évaluation du
niveau de développement des qualités physiques générales et de la capacité
D’endurance générale de l’athlète. Il comprend :
- La mesure des qualités physiques générales développées
pendant cette phase,
- La mesure des indices fonctionnels au repos, notamment les
paramètres cardio-vasculaires, - l’évaluation de la capacité d’endurance
générale à partir d’une épreuve d’effort maximale
ou sous maximale.
Le second contrôle (B) est programmé à la fin de la phase de
préparation spéciale, correspondant à la deuxième étape de la période
préparatoire du cycle annuel d’entraînement. Ce type de contrôle a pour but
d’évaluer le processus d’adaptation de l’organisme à la charge spécifique et
les capacités de récupération de l’athlète. Il s’effectue. par conséquent à
partir d’une épreuve correspondant au travail spécifique telle une épreuve de
force pour une préparation à dominante force, et d’un test de récupération.
Comme pour le contrôle (A), les éléments du contrôle (B)
figurent dans l’examen approfondi du début du cycle, ce qui permet une
évaluation comparative.
Le contrôle (B) est par la suite renouvelé une fois par mois
durant toute la période compétitive. Il faut rappeler, en effet, que durant
cette période, l’entraînement est spécifique, de type compétitif, d’intensité
élevée. De ce fait, le suivi de l’adaptation de l’organisme à cette charge et
des possibilités de récupération de l’athlète est indispensable pour la
réalisation
D’un bon résultat lors de la compétition principale.
Il faut souligner que, si le contrôle approfondi exige le
concours d’un laboratoire spécialisé,
les examens partiels, continus demandent moins de moyens et
peuvent se faire sur le terrain ou sur le lieu de stage. Les épreuves
sollicitées par les différents contrôles programmés au cours du cycle sont
détaillées dans les chapitres suivants.