jeudi 2 avril 2009

Note sur le kiai en kuatsu




Revoici donc ce fameux état mental étudié dans la seconde partie de ce livre. Il s'agit cette fois non pas de provoquer une inhibition passagère chez le malade, mais au contraire, une excitation physiologique importante. La concentration mentale est identique à celle du kiai offensif, mais ici le cri expiratoire est obligatoire car il s'agit .de réanimer un individu totalement inconscient. Le son sera particulièrement puissant, clair et aigu. L'entraînement vocal est nécessaire afin de produire aisément un son puissant et explosif. De plus, l'état mental est plus important qu'on pourrait . le croire à première vue, l'action psycho-physiologique jouant ici un rôle aussi important que dans le kiai agressif. Le 'psychisme inconscient enregistre les sons aussi bien lorsque l'individu est à l'état de veille que lorsqu'il est dans le coma. Seul un état prolongé de syncope par anoxie complète inhibe entièrement ou presque tout travail cérébral. Aussi, dans la plupart des états de perte' de conscience, les couches internes du cerveau réagissent comme à l'ordinaire et parfois mieux encore (l'effet inhibiteur du cortex étant levé). Il est encore difficile actuellement d'expliquer d'une manière rationnelle le processus exact par lequel un individu inconscient perçoit « l'appel à la vie» énergique du réanimateur. Le son provoqué excitant et accélérant le cœur et la respiration est certes une explication. Et ce seul phénomène est bien suffisant pour la plupart des cas courants. Mais comment expliquer la· réanimation des cas plus graves où un seul stimuli sonore ne pourrait en aucune façon réanimer un individu? Il s'agit ici encore d'un langage irrationnel d'inconscient à inconscient. La modulation, l'intensité, la hauteur et bien d'autres caractéristiques du cri matérialisent d'une façon archaïque (suivant un mode symbolique identique à tous les êtres) l'état mental particulièrement aigu du réanimateur. A ce moment précis où il pousse le cri de vie, il n'est plus lui-même, cet être civilisé; il retourne aux sources primitives de l'être vivant, il devient la vie, il s'identifie aux forces vitales, à l'instinct de conservation. Le cri qui spontanément jaillira, ne sera pas un cri comme les autres. Terrible ébranlant au plus profond de soi tout être humain qui l'entend' il est véritablement un appel à tout .ce qui, en nous, est capable de nous pousser à vivre. A plus forte raison chez le syncopé, dont l'effet inhibiteur de la conscience est levé. Aussi n'est-il pas étonnant de voir un individu étendu sans, connaissance sur le sol bondir miraculeusement. sur pied, sur l'effet d'un kiaï particulièrement réussi. Un tel pouvoir. de détachement de soi, de concentration mentale et de conscience vitale, n est pas le lot du premier venu. Un long entraînement est nécessaire; les cordes vocales n'y jouent qu'un rôle d'instrumenl. Le kiai élémentaire que possède toute ceinture noire travaillant sérieusement, suffit généralement dans l'application jumelée d'un kuatsu. Au moment d'une percussion appropriée, le judoka pousse alors le cri en se concentrant comme dans une attaque. Ceci permet. d'accroître l'action unique, de mobiliser toute l'énergie physique et mentale dans l'action salvatrice.

En terminant ce chapitre sur les kuatsus, je recommande la plus grande prudence aux lecteurs qui voudraient expérimenter ces moyens particulièrement attrayants. IL existe dans le commerce certains ouvrages où sont divulgués différents procédés de réanimation ou autres techniques thérapeutiques. Mais, n'oubliez jamais que lorsque une vie humaine est en danger, seul un médecin compétent est habilité à donner des soins sérieux.