vendredi 8 mai 2009

ET LA SELF-DÉFENSE



Quelle est la part de la self-defense dans le judo? Peut-on se défendre d'un coup de couteau ou d'un coup de poing à l'aide d'une projection ou d'une clef? Le jiu-jitsu antique n'était-il pas plus pratique et plus efficace? Le judo est-il supérieur à la boxe, à la lutte ou au catch?

Le judo, on le sait, tire son origine des anciennes techniques de combat, corps à corps, pratiquées au Japon sous le nom de jiu-jitsu. Mais le judo, plus humain, n'a pas repris les méthodes brutales du combat guerrier. Son but, en effet, est de permettre à son adepte de mieux s'épanouir, de développer harmonieusement son corps et son esprit, mais lorsque le judoka a terminé son éducation première, il revient peu à peu à. des formes de combat réel. Il s'initie aux chutes, aux projections et aux immobilisations; puis, il apprend les premiers rudiments de luxation et de strangulation, enfin les atemis et le kiaï. Arrivé à un certain niveau de connaissance et d'entraînement, il peut, dans un combat de rue par exemple, se défendre avec autant de succès qu'un samouraï.

Depuis que l'homme est sur la. terre, il s'est disputé avec ses semblables et c'est toujours le plus fort qui l'a emporté. Aujourd'hui bien sûr, la force brutale est moins employée mais, dans les civilisations primitives, tout différend se tranchait par une bataille acharnée. Bientôt naquirent les premières techniques de combat corps à corps, puis à mains armées. Chaque pays, chaque contrée eut les siennes. La France connut la « savate» ou le « chausson» et la lutte bretonne, l'Angleterre la boxe, la Russie le « sambo », le Brésil la « capoeira », les îles Canaries « las luchas canarias », la Chine le « wou-chou », l'Islande le « glima», etc ... Citons pour les techniques armées: la canne, le bâton, le sabre, l'épée, le fleuret,l'arc, la lance, le tir, etc. .

Deux principes régissent ces formes de combat. Le premier, l'attaque, consiste à maîtriser un ou plusieurs adversaire. de manière à annihiler toute riposte de leur part et à les contraindre à céder à la force de l'assaillant. Il peut en résulter la soumission morale de l'attaqué, son handicap physique ou même sa mort. Le second principe, c'est la défense, la parade de l'attaque d'un ou de plusieurs adversaires par esquive pure et simple ou parade suivie d'un contrôle efficace de l'ennemi, ce contrôle étant une forme d'attaque amenant la soumission totale de l'attaquant par contrainte, blessure ou mort.

Dans le Japon antique comme partout ailleurs, les mœurs étaient plus belliqueuses que de nos jours. Ses habitants, constamment plongés dans la guerre, développèrent des techniques de combat variées et surtout terriblement efficaces. Ces méthodes se nommaient bu-jitsu ou bushi-waza, c'est-à-dire « arts martiaux ». Elles étaient nombreuses; on en a retenu plus d'une vingtaine: jiu-jitsu, ken-jitsu, iai-jitsu, djite, bo-jistu, jitte, tori-nawa, tachi-oyogi, tanto-jitsu, shuri-ken-jitsu, tessen-jitsu, kyu-jitsu, joba-jitsu, nin-jitsu, karate, aiki-jitsu, jo-jitsu. tambo, etc. Certaines ne concernaient que le corps à corps, tel que le jiu-jitsu, le karate, l'aiki-jitsu, le yawara, etc.; d'autres employaient des armes spéciales tels que le poignard (tanto-jitsu) ou le lancer du poignard (shuri-ken-jitsu), la lance de forme spéciale (djite, yari, etc.), le sabre (ken-jitsu), l'éventail de guerre (tessen), etc. Comme je l'ai dit au début, le régime féodal se maintint beaucoup plus longtemps au Japon qu'en Europe, En outre, coupées du monde extérieur, les îles nippones ne connurent que très tard les armes à feu. Il faut sans doute y voir la raison de ces extraordinaires techniques japonaises du combat corps à corps. Le développement de cette technique est le même que celui de nos méthodes occidentales de combat, mais il est allé beaucoup plus loin. Ainsi, le combat à main nue partit d'une lutte (sumo) où la force physique resta le critère primordial d'efficacité. Puis, une forme plus technique se développe: les coups frappés sur les points vitaux du corps humain. Cette science des atemis est devenue la base du karate-do moderne. A l'origine, il s'agit d'exploitation des réflexes naturels d'agressivité ou de peur (défense instinctive). Plus tard, la technique s'affinant, les guerriers éduquèrent leurs réflexes, en créèrent de nouveaux, moins instinctifs, plus rationnels : c'est l'origine du jiu-jitsu. Au lieu d'opposer instinctivement la force à la force, le principe du jiu (souplesse) est de céder, d'esquiver l'attaque et de se servir de la force adverse. Ainsi se développèrent le yawara, l'aiki, le tai-jitsu, etc. Pour exceller dans ces méthodes il faut plus de maîtrise que pour pratiquer le go (force).

A la fin de la période féodale (1868), les arts martiaux furent négligés. Mais, grâce à Jigoro Kano, qui étudia et sélectionna les prises des meilleures écoles, une synthèse heureuse vit le jour: le judo, né du principe ju. Mais si l'esprit de l'art martial n'en était pas absent, le but n'en était plus militaire. Ce but devenait secondaire et il fallait un long entraînement pour en acquérir la maîtrise. C'est ainsi qu'un Japonais qui n'avait jamais pensé étudier une méthode de self-défense pouvait, après quelques années de pratique du judo, riposter à une attaque imprévue avec l'efficacité redoutable d'un guerrier antique.

En Occident, "histoire du judo naquit de l'idée seule de la défense en combat de rue. Les pionniers lancèrent le fameux slogan « la défense du faible contre l'agresseur »,

Et, bien souvent, l'élève inscrit dans un de ces premiers clubs ne pratiquait que du jiu-jitsu élémentaire. Avec l'arrivée des experts nippons, ce jiu-jitsu fut petit à petit remplacé par Le véritable judo. Mais le public désirait aussi savoir se défendre; aussi les professeurs continuèrent-ils à pratiquer le jiu-jitsu de base, agrémenté de quelques prises de judo et des principes généraux de celui-ci.

De nos jours, peu de judokas s'intéressent à l'auto-défense.

Souvent, des débutants désirent s'initier à ces techniques terribles, mais la pratique du judo les passionne bientôt et ils abandonnent au bout de quelques mois l'idée de se battre un jour en rue. Est-ce encorè nécessaire? La police de nos villes est de mieux en mieux faite et pourquoi l'ouvrier d'usine, l'employé de bureau, l'étudiant ou la jeune ménagère devraient-ils apprendre à se défendre contre ces fameux agresseurs qui se font de plus en plus rares?

Bien sûr nous ne sommes pas dans un monde parfait et une agression est toujours possible,quoique assez improbable. Ce jour-là, mieux vaut avoir passé dix ans à s'entraîner au dojo, du quartier que d'être estropié ou tué. Une seul,e fois suffit... C est exact mais la vogue pour la self-défense tient à autre chose. Si le' côté pratique est indéniable, quoique peu économique (un revolver est moins coûteux), le sentiment de vaincre plus fort que soi joue dans la plupart des cas. Qui ne rêve de pouvoir vaincre, s'il est petit et malingre, un énergumène Impressionnant par sa carrure, sa haute taille et sa force herculéenne? Il nous est agréable de penser que la ruse, l'intelligence, la technique ou la science peuvent nous permettre d'être plus forts que les géants. David et Goliath ...

L'enfant rêve d'égaler son père, de le dépasser, mais la grosse voix de celui-ci sa taille, sa force, l'impressionnent. Plus tard, l'esprit rationnel s'adapte à la réalité, mais les premiers réflexes ont laissé des traces plus ou moins vivaces dans le cerveau, suivant l'histoire personnelle de chacun. Et ceux-ci ressurgissent avec une charge variable d'émotivité, chaque fois qu'une situation vaguement analogue se présente dans la vie. , .

Devenir le plus fort, dépasser le géant et agir à sa guise, grâce à une méthode merveilleuse, tenant du prodige et permettant de terrasser celui qui nous barre la route est le rêve de l'enfant et du faible. Le sentiment d'insécurité qui habite la plupart d'entre-nous, la sensation imprécise d'angoisse, de peur de SOI, de l'avenir qui est le lot quotidien de l'humanité est, une autre raison d'attirance pour la self-défense.

Trop d'êtres humains sont lancés dans la vie sans avoir ,reçu les armes nécessaires pour se défendre seuls, réussir, vaincre les obstacles quotidiens, s'intégrer à leur milieu, s'épanouir heureux, malgré les difficultés de l'existence. Dès l'enfance, des erreurs d'éducation, des conflits familiaux ou sociaux influent sur l'être humain. La rapidité de l'évolution intellectuelle de notre société l'évolution fulgurante des techniques, la confusion spirituelle, bouleversent la mentalité des individus. Ceux-ci, déséquilibrés ne savent plus exactement comment s'adapter, évoluer et, par conséquent, savent encore moins bien comment préparer leurs enfants à ce gigantesque combat qu est la vie. Quoi d'étonnant de rencontrer de nos jours tant d'adultes plus ou moins adaptés à leur contexte social et qui portent en eux secrètement leur drame intérieur : un sentiment vague mais tenace d'insécurité.

Certains en ont conscience, d'autres refoulent cette sensation, mais se raccrochent avec acharnement à tout ce qui peut les rassurer, leur donner confiance en eux. D'une manière non équilibrée, presque maladive, ils se crispent, sur l'argent, sur l'apparence (standing), bref sur toutes les formes extérieures de la puissance.

Et le jiu-jitsu ou le judo devient pour certains un moyen de compenser ce sentiment d'insécurité par l'acquisition d'une puissance réelle. Le premier donnera, certes, à un pratiquant sérieux une puissance physique redoutable, mais celle-ci ne pourra pratiquement jamais être utilisée. Alors le sentiment d'insécurité ressurgira. Le judo, lui, peut davantage.

Il procure à l'élève des armes qui l'aideront à vaincre les obstacles de la vie. Mais le chemin est long et, bien souvent, le néophyte veut se sentir plus en sécurité par la connaissance de quelques prises redoutables (sait-on jamais!).

Le professeur peut alors ajouter au cours classique l'étude de prises de self-défense. L'idéal est d'initier l'élève au judo supérieur au travers de ces prises. Pour y parvenir, trois étapes sont nécessaires : la self-défense élémentaire, la self-défense supérieure et la self-défense intégrale, telle qu'une ceinture noire la pratiquerait en cas d'agression.


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LA SELF-DÉFENSE SUPÉRIEURE

LA FEMME ET LA SELF-DÉFENSE

LA SELF-DÉFENSE INTÉGRALE

LA SELF-DÉFENSE ÉLÉMENTAIRE